Si l’on en croit le calendrier, nous sommes en 2004. En gros, cela signifie qu’il y a 2 millénaires a eu lieu un événement historique
( ou considéré comme tel ) servant de repère temporel : la naissance de Jésus-Christ. A quelques années près, car pour beaucoup d’historiens,
Jésus-Christ serait né quelques années avant lui-même... Mais ce n’est pas l’objet du présent débat, où il sera question de plusieurs siècles de décalage...
Cela dit, on a un peu tendance à l’oublier : d’autres calendriers sont en vigueur, à usage plutôt religieux,
comme celui daté de l’hégire ( en 622 de l’ère chrétienne ) pour les musulmans, ou le calendrier juif ; ou bien encore l’ère bouddhiste,
largement employée dans les documents d’état-civil en Thaïlande, comme j’ai pu le constater en y séjournant. Ces calendriers, et quelques autres, sont bien vivants.
Quand nous avons fêté le passage à l’an 2000, toute l’humanité ne se sentait pas concernée, loin de là !
Pendant ces festivités, les média avaient d’ailleurs mis l’accent sur une bizarrerie de notre calendrier : c’est seulement un an plus tard
seulement que nous sommes effectivement entrés dans le 3ème Millénaire... En effet, le XXI° siècle a débuté
le 1er janvier 2001 [ et il se terminera le 31 décembre 2100 ].
Cette disposition trouve son origine dans la décision originale de faire commencer l’ère chrétienne en l’an 1 ( et
non en l’an 0, qui n’a pas existé ). Qui en a été l’instigateur ? L’histoire officielle des Eglises rapporte que ce fut le
moine Denys le Petit ( en latin, Dionysius Exiguus ), vers la fin du V° siècle.
Denys le Petit a numéroté les années d’après ce qu’il croyait être celle de la naissance du Christ, l’an 1. C’est ce qui
constitue l’ère chrétienne. Ainsi, les travaux de ce moine arménien pour fixer la date de naissance de Jésus-Christ sont-ils à la base de notre
chronologie actuelle, dite "anno domini" !
Nous le disions d’entrée, ce ne sont pas les mises en concordance ( ou synchronisations ) habituelles,
parfois discutées, qui causent problème : en liaison par exemple avec le règne d’Hérode, le recensement d’Auguste, ou un événement astronomique
remarquable ( étoile de Bethléem ), ce qui crée quelques années de décalage.
Comme nous allons le voir, il ne va pas être question d’années... mais bien de siècles entiers !
*
Revenons un instant aux calendriers. Nous n’avons pas fait allusion au calendrier républicain qui fut institué en
France par la Convention nationale le 24 octobre 1793, et demeura en usage jusqu’au 1er janvier 1806.
L’année commençait à l’équinoxe d’automne au mois de vendemiaire. Un avantage indéniable de ce calendrier [ non seulement pour les paysans
et les labours ] était de supprimer le problème lié à la date " flottante " de Pâques qui, de nos jours encore, perturbe les
rythmes scolaires... Au début du XIX° siècle, l’influence de l’Eglise romaine était trop forte sur la société laïque pour espérer garder le
calendrier républicain, et maintenant, à l’ère de la globalisation, il serait bien difficile de changer le calendrier international de toute une planète !
Parallèlement à l’ère chrétienne en cours, et sur la même base d’une année tropique de 365,2422 jours, il existe
une chronologie scientifique qui a pour année de référence 1950 : c’est la chronologie avant le présent, appelée en
anglais YBP [ Years Before Present ]. On parle ainsi de
datations BP ( Before Present ). C’est très utile pour dater les objets archéologiques, les événéments
protohistoriques, etc... A condition bien sûr de ne pas mélanger avec les dates de l’ère chrétienne [ avant Jésus-Christ ou BC,
Before Christ, en anglais ; après Jésus-Christ, AD ou Anno Domini ]...
C’est cette chronologie BP que nous allons essayer de privilégier dans la suite de cet exposé ( sauf indication contraire ).
Pour prendre un exemple : "700 ans BP" voudra dire 700 années avant 1950, c’est-à-dire 1250 après Jésus-Christ
en chronologie traditionnelle.
Ainsi l’accent sera mis sur les 700 ans qui nous séparent de cette époque !
En effet, dans cette chronologie absolue, on procède en reculant depuis l’année de référence 1950,
et non plus en avançant depuis un hypothétique an 1 instauré par le moine Denys le Petit...
Dans ce calendrier d’inspiration scientifique, je suis né en -3, et nous écrivons l’année 54 !
La Chronologie historique est-elle fiable ?
L’ère linéaire ( chrétienne, dans notre exemple ) comprend des années calendaires dont la durée
est fixée par des critères astronomiques. Nous savons qu’une année tropique dure 365 jours + un peu moins du quart d’un jour ( 0,2422 ).
Cela correspond à la période moyenne qui sépare deux équinoxes de printemps consécutifs.
L’année julienne des Romains comportait 365,25 jours. C’était déjà une bonne approximation.
Tous les 4 ans, il suffisait d’ajouter un jour, mais l’année astronomique demeurait plus courte que l’année légale, d’où une certaine dérive
dans le temps : l’écart entre l’équinoxe de printemps "calendaire" et "astronomique" atteignait 10 jours au XVI° siècle, ce qui se
ressentait sur la date de Pâques. Mais depuis 1582, le calendrier grégorien supprime 3 années bissextiles sur 4 en début de siècle,
ce qui ralentit cette fâcheuse dérive... A cette occasion, le pape Grégoire XIII avait rétabli la concordance des dates, en passant directement
du jeudi 4 octobre 1582 au vendredi 15 octobre 1582.
Certains historiens, partisans d’une révision de la Chronologie, pensent que Grégoire XIII en a aussi profité pour
réajuster des dates anciennes... voire pour intercaler des événements fictifs en dedans de la chronologie chrétienne !
C’est ce que nous découvrirons au fur et à mesure... Il va de soi que, même dans un cadre plus "conventionnel", on reconnaît que
certains mythes ont jadis été imbriqués dans l’histoire des peuples, comme celui de Jeanne d’Arc au XV° siècle [ qui n’a jamais
assiégé Orléans ], ou la Guerre de Cent Ans qui, pour l’historien français Robert Caratini, s’est résumée à de simples escarmouches et "querelles familiales",
puisque les souverains anglais et français étaient de proches parents ! De même, on peut réfuter le personnage du comte Roland de
Roncevaux ( 778 ) sans avoir à nier l’existence de Charlemagne ni ses exploits guerriers. Certains auteurs, comme l’historien allemand
Heribert Illig, vont néanmoins beaucoup plus loin en estimant que toute l’épopée de Charlemagne doit être reléguée dans le domaine du mythe...
Personnellement, mon premier contact avec une "discordance" de l’Histoire eut lieu en 1966 à l’occasion d’un stage à l’Institut
d’Océanographie de Split ( Croatie ). Au centre-ville, le Palais de l’empereur romain Dioclétien ( 284-305 après J.-C ) est
resté pratiquement intact, et surtout les habitations de la Renaissance sont intégrées un peu partout dans l’ensemble architectural pré-existant,
comme s’il n’y avait jamais eu 10 ou 12 siècles d’intervalle...Sachant que, partout dans le monde, les habitants d’une cité sont prompts
à récupérer des pierres pour les utiliser dans les constructions nouvelles, cela me paraissait très étonnant ! Le Palais de Dioclétien a-t-il été longtemps
préservé sous une épaisse coulée de boue [ un peu comme à Pompéi, mais sans le volcan... ], ou bien les maisons de la Renaissance
ont-elles été édifiées juste après la fin du règne de Dioclétien, dans un style architectural résolument nouveau ( vénitien ) ?
Bien plus tard en 1994, dans un contexte différent, j’avais posé la question de l’âge réel du Suaire
de Turin ( censé avoir été le linceul de Jésus-Christ ) dans le numéro 15 du magazine "Mystères". Des analyses par le
carbone 14 avaient daté le suaire du XIV° siècle alors qu’on s’attendait à une datation du 1er siècle... J’avais
formulé l’hypothèse en ces termes : " Et si les 1300 ans de décalage n’étaient dus qu’à une erreur de chronologie ? ".
Autrement dit, ce n’est pas aux datations du C 14 qu’il fallait imputer "l’erreur", mais bien à notre calendrier ! Uwe Topper dans ses livres est
aussi de cet avis, tandis que d’autres chercheurs [ Lynn Picknett & Clive Prince : Turin Shroud. In whose image ? ]
évoquent une participation de Léonard de Vinci à la réalisation du linceul, selon une technique dite de la camera obscura.
La " Nouvelle Chronologie " de Fomenko
Si nous voulions remonter le temps jusqu’aux premiers "sceptiques" de la chronologie anno domini, il faudrait citer le
savant anglais Isaac Newton ( fin du XVII° siècle ). Mais les données récentistes s’inscrivent surtout dans le cadre
des travaux d’Anatolij Fomenko, professeur de mathématiques à l’Université de Moscou, et de ses collaborateurs, qui, depuis le début des années 1980,
proposent une révision radicale des dates de l’Histoire mondiale, considérées comme douteuses au moins jusqu’au XV° siècle [ c’est-à-dire
jusqu’aux règnes de François 1er et d’Henri IV ].
Les critiques envers l’historiographie établie ont par la suite gagné l’Allemagne. Tout comme Fomenko, Heribert Illig dans
sa revue "Zeitensprünge" pensait que beaucoup de répétitions ( de dynasties, d’épopées guerrières ) étaient
venues "gonfler" l’Histoire ancienne.
Dès les années 1980, Illig avait établi toute une série de scénarios critiques ( "chronologiekritische Szene" ),
et, comme nous l’avons évoqué, il soutenait notamment que le personnage de Charlemagne était une pure fiction historique.
Pour en revenir à l’école russe, le point de départ des recherches de Fomenko fut la détermination d’un paramètre
de l’accélération lunaire, dont le calcul s’appuie sur les renseignements fournis dans l’Almageste, traité d’astronomie rédigé par Claude Ptolémée,
prétendument du II° siècle après J.-C. Le professeur Fomenko avait découvert qu’une anomalie astronomique pouvait être éliminée si l’on
redatait ce catalogue astral de "600 à 1300 ans après J.-C.". Cela concernait également les éclipses de soleil, et la correspondance
de certaines dates dans les chroniques anciennes.
Par la suite, Fomenko s’intéressa aux méthodes employées par les historiens pour dater les textes. Il remonta ainsi
à Joseph Scaliger [ Opus novum de emendatione temporum, 1583 ] et à Dionysios Petavius [ De doctrina temporum,
1627 ], qu’il désigna comme les fondateurs du système chronologique à partir duquel on date habituellement les trouvailles archéologiques
et les événements historiques.
En fait, Scaliger et Petavius avaient fondé leur démarche sur une lecture peu critique des textes ecclésiastiques traditionnels.
Et les historiens laïcs du XIX° siècle, comme Jules Michelet, leur ont tout naturellement emboîté le pas... D’où notre vision actuelle "tronquée"
de l’Histoire !
Immanuel Velikovsky et les " Mondes en Collision "
Un exposé sur la révision de la Chronologie ne serait pas complet si l’on ne n’y évoquait pas Immanuel Velikovsky, un psychiatre
new-yorkais qui trouva son inspiration première dans un livre de Sigmund Freud "Moïse et le monothéisme". Il s’agissait des liens possibles
entre Moïse et le pharaon Akhenaton. Velikovsky repensa toute l’histoire ancienne dans une vision catastrophique... Planètes et comètes auraient
été la cause de cataclysmes sur Terre, dont le souvenir s’était perpétué dans les écritures saintes et les légendes antiques.
Les astronomes ont, par la suite, établi que les mouvements des corps célestes du Système Solaire étaient loin d’être aussi
stables et réguliers qu’on ne le pensait naguère. Mais les travaux de Velikovsky ont surtout contribué à ouvrir les yeux sur une chronologie courte
des événements historiques, dans le cadre de l’Egypte ancienne, de la Palestine et du Proche-Orient. Car si l’on raccourcissait la chronologie égyptienne,
toute celle de la Méditerranée antique s’en trouvait changée... En effet, les faits historiques étaient datés en corrélation avec ceux de l’Egypte, en se basant
sur des indices matériels comme les fameux scarabées de Thoutmosis III, trouvés un peu partout en Syrie et Palestine. Velikovsky pensait
que le règne de ce pharaon du Nouvel Empire avait été antidaté de quelque 500 ans. Hatshepsout [ autour de 1500 av. J.-C. ]
aurait été la fameuse "Reine de Saba" dont la Bible mentionne la visite au roi Salomon.
Là aussi, il fallait "forcer" le cours de l’Histoire sur près de 500 ans... Mais plutôt que la lecture biblique littérale,
nous retiendrons ici les allusions de Velikovsky à des cataclysmes historiques, qu’il interprète comme des passages rapprochés de comètes.
Evidemment, il serait simple de nier tout en bloc, arguant que des comètes n’ont pas à venir s’égarer en banlieue terrestre...
On peut penser également que, de toute façon, ce n’est pas cela qui changerait le cours de l’histoire... C’est oublier un peu vite l’épisode de la Tougounska,
en 1908, quand une comète ( ou un autre corps non identifié ) a explosé au-dessus de la taïga sibérienne. A quelques minutes près,
le bolide serait tombé sur St Petersbourg... Le cours de l’Histoire mondiale n’en aurait-il pas été changé ?
Le " Livre de Civilisation "
L’école russe initiée par Anatolij Fomenko, Gleb Nossovski et Nikolaï Morozov a inspiré d’autres auteurs dans les années 1990,
et notamment le champion d’échecs Garri Kasparov, qui signe la préface du "Book of Civilization" d’Igor Davidenco et Jaroslav Kesler,
ou "Livre de Civilisation", publié à Moscou en 2001.
La critique -constructive- de la chronologie traditionnelle s’enracine dans les domaines les plus divers ( art, histoire,
architecture, metallurgie ), et aussi dans la linguistique. L’apparition des langues européennes modernes paraît à Davidenco très récente, et en tout
cas postérieure au dernier cataclysme, voici 700 ans. Le latin a été une sorte de koïné, propre à l’Empire romain, puis à l’Eglise
catholique romaine... où il restera en usage jusqu’au Concile Vatican II ( années 1960 ).
La mère des langues romanes serait plutôt... le roumain, autrefois largement répandu en Europe !
L’école dite allemande est composée de "fomenkistes", comme Eugen Gabowitsch, Alexander Beiebach, parfois critiques
envers Fomenko, comme Uwe Topper ou le bâlois Christoph Marx, ou bien de "vélikoskistes", comme Heribert Illig ( théorie des ’siècles
fantômes’ ), Gunnar Heinsohn ou Horst Friedrich. On peut également citer ici le physicien Christian Blöss, le mathématicien italien Emilio Spedicato,
ou encore l’ingénieur Hans-Joachim Zillmer, partisan d’un raccourcissement conséquent des périodes géologiques.
Tous ces chercheurs venus d’horizons très divers ont publié des études, des manuels, voire des livres à fort tirage
sur la nouvelle chronologie, en Allemagne notamment.
Les dernières grandes catastrophes planétaires
Dans un petit livret de 126 pages paru en 1999, "Als das Mittelmeer trocken war" [ = Quand la Méditerranée
était asséchée ], j’ai moi-même esquissé l’histoire des migrations d’animaux ( terrestres et dulçaquicoles ) entre le Maroc
et l’Espagne actuels, alors que le détroit de Gibraltar était à sec, puis quand il a été ouvert, rétablissant le passage océanique. Mais la Méditerranée fut
antérieurement reliée à l’Atlantique par d’autres passages, et le niveau des océans n’eut cesse de fluctuer au cours des derniers millénaires.
De cette étude zoogéographique des faunes passées et actuelles se dégageaient plusieurs éléments intéressants.
D’une part, les chaînes du Rif ( Maroc ) et de la Sierra Nevada ( Espagne ) formaient, il n’y a pas si longtemps, un ensemble
montagneux continu. L’ouverture du détroit de Gibraltar a été récente, et s’est probablement déroulée en deux temps. La Méditerranée a connu
une période d’assèchement, puis s’est remplie à l’occasion d’un événement brutal, cataclysmique, par le déferlement d’eau très froide en provenance
de l’Arctique, comme en témoignent les fossiles subrécents de poissons ( Capelan ) et de coquillages ( Cyprina islandica ).
Ce raz-de-marée géant, qui traversa la France du nord au sud, fut peut-être occasionné par l’impact en mer d’une comète [ ou d’un morceau
de comète ] à proximité de l’Islande.
En tout cas, l’impression majeure qui ressortait de cette étude plaidait en faveur d’un événement récent... Je situais
ces faits aux environs de 3.000 ans BP ( Before Present ). Cette date correspondait apparemment au "Déluge" dans la chronologie
officielle (géologique), que l’on estime avoir eu lieu autour de 12.000 ans, marquant la fin des glaciations.
En revanche vers 10.000 ans, dans "ma" chronologie, je resituais le début de l’ère Tertiaire et la formation des chaînes
de montagne de type "alpin" !
Voici une reproduction du tableau que je proposais dans mon livre dès 1999, mettant en relation les principaux événements
et périodes de l’Histoire depuis le début du Tertiaire. La reconstruction de cette chronologie alternative n’a bien sûr qu’un statut d’hypothèse.
Dates en années BP ( avant le présent ) : |
Evénements : |
Vers 10.000 |
Début du Tertiaire, formation des chaînes de montagnes
jeunes ; développement d’une grande civilisation
technologique à la surface de la Terre. |
Vers 5.000 |
Impact d’astéroïde, début du Quaternaire et série de
glaciations dans l’hémisphère Nord ; Paléolithique des
préhistoriens : "Cro-Magnon" et cultures préhistoriques
( Solutréen, Magdalénien ) ; la Méditerranée est pratiquement asséchée ; navigation et commerce florissants de part
et d’autre de l’Atlantique-nord, ainsi que dans les mers australes. |
Vers 3.000 |
Impact de comète dans l’Atlantique nord ; Déluge "de
Noé" [ et autres inondations ] ; régression culturelle de
l’homme sur le pourtour méditerranéen : Néolithique des
préhistoriens ; développement de la civilisation atlanto-
européenne des Mégalithes ; échanges commerciaux
maritimes et terrestres à l’échelle planétaire, cartographie
du globe [ carte de Piri Re’is ]. |
Vers 2.000 |
Passage rapproché de comète ; destruction de la
civilisation atlanto-européenne ; ouverture définitive
du détroit de Gibraltar ; nombreuses inondations et
transgressions marines ; développement de la civilisation
égyptienne ; migration des "peuples de la mer" ; puis
mise en place progressive de l’Empire romain. |
Vers 700 |
Passage rapproché de comète ; grandes inondations
qui mirent fin à l’Empire romain ; grande peste et
épidémies consécutives ; instauration de la papauté
en Avignon, puis à Rome ; les lieux de culte antiques
sont récupérés par la religion chrétienne en expansion
constante. |
En 1999, je connaissais les idées d’Heribert Illig et d’Uwe Topper, avec lesquels j’étais en contact. Topper avait élaboré une
chronologie relativement similaire, alors qu’Illig restait plus "classique" dans ses projections. De façon intéressante, des éléments nouveaux
sont venus par la suite renforcer mes réflexions personnelles.
Ainsi l’hypothèse de la "comète nordique" a-t-elle été évoquée en février 2004 par une équipe de chercheurs de l’université
de Cardiff ( Grande-Bretagne ), qui dataient cet événement de 1500 ans, ce qui [ dans le respect de la chronologie officielle ]
le situait au début du Moyen-Age. Les chercheurs Emma Rigby et Mel Symonds allèrent jusqu’à comparer cet événement avec ce qui s’était vu dans les
observatoires astromiques du monde entier en 1995, à l’occasion de l’impact de la comète Shoemaker-Levy sur Jupiter !
Quant à l’auteur allemand Peter Brüchmann, il pense que voici 12.000 ans environ, une catastrophe mondiale
s’est produite, qui a façonné l’actuel visage de la Terre. Ancien ingénieur de vol de la Lufthansa, Brüchmann a consigné, dans un livre paru en 2003,
" Warum die Dinosaurier starben " [ = Pourquoi les dinosaures sont morts ], ses impressions personnelles
que les chaînes de montagne étaient récentes... Elles paraissaient avoir subi l’action de formidables masses d’eau venues du ciel qui en avaient
sculpté les contours. D’après Brüchmann, une baisse brutale de la pression atmosphérique [ suite à une catastrophe planétaire ] provoqua l’absorption
de l’eau océanique par l’atmosphère. Le refroidissement qui s’ensuivit occasionna des pluies diluviennes... sur des montagnes à peine formées.
En tout cas, ce livre donne une explication élégante à la formation des grains de sable des déserts actuels : lors
d’explosions, des électrons libres projetés dans l’atmosphère ont été "capturés" par les atomes d’azote [ 78,09 % de l’air ], puis imbriqués
à ces atomes pour former du silicium ; et enfin l’oxygène [ 20,95 % ] interagissait à son tour pour former du dioxyde
de silicium, donc du sable...
Concernant une époque géologique plus récente, les chercheurs de l’équipe galloise du Dr. Ward-Thompson avait noté
une période perturbée sur les cernes ( anneaux de croissance ) d’arbres. L’étude des variations d’épaisseur des
anneaux ( dendochronologie ) permet des corrélations avec la méthode de datation au C 14, et ainsi, une estimation des cycles
climatiques. Il s’agit ici d’une période vers 1500 BP, que les chercheurs assimilent aux années 536-540 anno domini.
Mais peut-on en être certain ?
Ce qui est sûr, c’est que des années très froides [ comme dans le scénario catastrophique de l’hiver nucléaire ]
étaient la règle, vers 1500 ans avant le présent ! Mais cette datation nécessite sans doute un réajustement... La méthode des cernes
d’arbres a été pratiquée sur des troncs issus de tourbières qui, eux, ont été datés au... carbone 14, dont on connaît les insuffisances
[ et la dépendance vis-à-vis des variations de proportion des isotopes de carbone dans l’atmosphère ] !
A mon avis, l’événement décrit par les chercheurs gallois est plutôt corrélé avec une date que je situerai personnellement
aux alentours de 2000 ans BP [ cf. tableau ]. En fait, il y aurait eu 2 évènements catastrophiques, l’un voici 2000 ans,
et l’autre plus récent, voici 700 ans.
L’auteur irlandais Mike Baillie ( Queen’s University, Belfast ) a suggéré une catastrophe cosmique
vers -1500 ans en chronologie traditionnelle [ soit 700 ans BP ? ]. Pour lui, cet événement coïncidait
avec les "Dark Ages", marquant la fin de l’Empire Romain, et aussi celle du règne du mythique roi Arthur ( ou Artus ).
Ce roi légendaire du pays de Galles anima la résistance des Celtes face à la conquête anglo-saxonne
( fin du V° siècle - début du VI° siècle ). Ses aventures ont donné naissance aux romans courtois du Cycle d’Arthur,
appelé aussi Cycle breton ou Cycle de la Table Ronde.
Personnage de fiction ?
En tout cas, le roi Arthur est représenté en habits du Moyen-Age dans la Hofkirche d’Innsbruck ( Autriche )
en compagnie de personnages réputés historiques comme Clovis, roi des Francs, ou Théodoric, roi des Ostrogoths ( 454-526 en chronologie
traditionnelle ), et aussi de personnages moins tardifs, ainsi que des contemporains de l’empereur germanique Maximilien 1er
( XVI° siècle ) auquel ce monument est dédié.
C’est un peu comme si l’on avait voulu "gommer" la période historique comprise entre le V° et le XIV° siècle...
Pour en revenir à Mike Baillie, celui-ci relève que le VI° siècle fut aussi celui de la Grande Peste, dite de Justinien.
Les effet de cette pandémie ont été désastreux sur une population apparemment très affaiblie déjà par les bouleversements climatiques et la famine
consécutive aux mauvaises récoltes.
Cet épisode n’est pas sans rappeler la Peste Noire, qui dans la chronologie traditionnelle n’a sévi que 7 siècles
plus tard, ravageant l’Europe, en provenance d’Asie mineure, et occasionnant des dizaines de millions de morts... Dans les deux cas, on pense que près
de la moitié de la population européenne a péri.
Les deux événements ont-ils pu être confondus ?
En tout cas, l’écrivain florentin du XIV° siècle, Giovanni Boccacio, auteur du "Décaméron", dépeint la fuite de jeunes
gens devant l’épidémie de peste qui s’abat sur l’Italie. A-t-il décrit des faits historiques dont il a été le témoin ?
Quant au chroniqueur Roger de Wendover ( Flores Historium - 1230 ), il fait allusion à l’apparition d’une comète
en Gaule, vers 540 ou 541 : "Tout le ciel était en flammes, du sang coulait des nuages... et beaucoup de gens périrent".
Des télescopages dans l’histoire du Moyen-Age ?
Après la Peste Noire ( 1347, en chronologie anno domini ) et les temps qui s’ensuivent, les populations
européennes et celles du pourtour méditerranéen luttent essentiellement pour leur survie. En l’espace de deux ou trois générations, chez les survivants
minés par les maladies et la malnutrition, les souvenirs du passé ( même récent ) s’altèrent, s’estompent, s’oblitèrent. Il n’y a pas que les
êtres humains qui soient frappés. Faute d’entretien, les grands édifices ( cathédrales, temples et beffrois ) se délabrent et menacent de tomber
en ruine ; leur fonction originelle est vite oubliée.
On peut supposer que les élites dirigeantes de l’époque surent tirer profit de la situation, en se trouvant une légitimation
politico-religieuse, puis en s’assurant que leur secret resterait caché des masses...
Certes, l’historiographe russe Fomenko pensait que Scaliger ( au XVI° siècle ) et la génération
de ’chronologues’ qui l’avait précédé, s’étaient involontairement trompés en faisant la synthèses des divers calendriers, puis en déclassant
dans des périodes différentes des documents qui décrivaient en fait la même époque, parfois dans des langages variées ( grec, latin, hébreu ).
En revanche, si l’on se réfère à Uwe Topper ou à Christoph Marx, une puissance politico-religieuse du XIV° siècle aurait
eu tout intérêt à fabriquer une nouvelle version de l’histoire... afin d’asseoir et légitimiser leur pouvoir !
A cette époque, en raison du traumatisme post-cataclysmique et du délabrement général des sociétés, une multiplicité de
mythes et de légendes coursaient à travers l’Europe : l’identité nationale était devenue floue et le brassage des langues général. Les points
de repère manquaient, et les quelques chroniqueurs s’exposaient tout naturellement à des télescopages chronologiques et géographiques,
par approximation, ou par insuffisance de la documentation écrite.
Aujourd’hui, on a tendance à "couler" tout ce que l’on voit sur dans le moule de l’Histoire apprise. Ainsi, la basilique ou
cathédrale "du XII° siècle", nous semble bien évidemment avoir été, depuis l’origine, dédiée au culte chrétien. La simple pensée que les bâtisseurs
n’étaient pas Chrétiens apparaît pour le moins saugrenue... Et pourtant !
Un autre exemple de chronologie possiblement tronquée est celui d’un événement important dans le cours
de l’Histoire : la bataille de Hastings ( 1066 ), et la victoire de Guillaume le Conquérant qui livra l’Angleterre aux Normands.
Cette bataille est pour ainsi rétrodatée par le passage de la comète de Halley, visible sur la célèbre tapisserie de Bayeux. Ainsi, nous associons
ensemble l’année 1066, la conquête de l’Angleterre et le passage de la comète. Ce faisant, nous oublions que la tapisserie dite "de la reine Mathilde"
est forcément plus ancienne que l’événement, et que la comète a effectué plusieurs retours à l’époque médiévale [ tous les 72 ans ].
Ainsi, s’il faut amputer l’Histoire d’une dizaine de siècles, cela ne veut, bien sûr, pas dire que tout ce qui est compris,
en gros, entre la fin de l’Empire Romain d’Occident et le début de la Renaissance, doit être systématiquement rayé des tablettes... Loin s’en faut !
Certains événements ont pu être décalés ; certaines dynasties régnantes ont pu être gonflées.
Nous avons tous en mémoire l’épisode des rois de France inhumés à Saint-Denis [ du Mérovingien Dagobert 1er
au Bourbon Louis XVIII, à de rares exceptions près ]. On sait que les tombeaux royaux ont été profanés en 1790 ; la Basilique est
abandonnée aux pilleurs jusqu’en 1805 ; Napoléon fait procéder aux premières restaurations, puis en 1816, Louis XVIII ordonne la reconstitution
de la nécropole royale. Les ossements des Bourbons sont remis dans la crypte, et Louis XVIII lui-même y sera enterré en 1824.
D’un point de vue historique, on peut admettre que la Basilique de Saint-Denis a été, durant 12 siècles, le lieu d’inhumation
de plus de 70 rois et reines Mérovingiens, Carolingiens et Capétiens. Toute notre Histoire de France ! Sans les exactions de la Révolution,
nous serions encore en possession de toutes ces dépouilles. Oui, mais...
Revenons en arrière : l’abbaye de Saint-Denis fut fondée en 475 par Sainte-Geneviève, construite par des moines
bénédictins en souvenir de Saint-Denis, premier évêque de Paris au III° siècle. Selon la légende, c’est là qu’un cerf s’était réfugié dans une
chapelle bâtie par Sainte-Geneviève ( qui sauva Lutèce des Normands ). En 638, Dagobert y fut enseveli selon sa volonté, choisissant
ce lieu de sépulture, et créant ainsi un panthéon pour sa dynastie. Mais ce n’est qu’au XIII° siècle [ en chronologie traditionnelle ]
que le transept sera véritablement aménagé par Pierre de Montreuil pour y accueillir les dépouilles royales.
Avec le recul de temps, il paraît difficile d’affirmer que les rois de France se sont succédés durant 12 siècles dans la
même crypte... C’est possible, mais non certain ! En tout cas, cela ne permet pas de trancher, ni pour, ni contre,
la chronologie traditionnelle !
Pour avoir plus de certitudes, on cherchera sans doute à comparer "notre" Chronologie avec celle d’autres pays,
plus lointains. Mais pour ne citer ici que cet exemple, l’ordre chronologique de la Chine semble être un modèle tardif, recréé en fait à partir de la
chronologie importée d’Europe lors des premiers contacts avec les missionnaires jésuites, dans une Chine qui n’avait que des chroniques
dynastiques non reliées entre elles, et possiblement recopiées en plusieurs "couches" chronologiques, selon le modèle déjà montré pour l’Europe.
Il y a 7 siècles... l’Empire romain ?
Jules-César lui-même ne fut pas empereur. Mais après son assassinat par Brutus et l’accession d’Octave, le pouvoir personnel
allait s’imposer à Rome : titre d’auguste et caractère divin du monarque régnant... Puis sous Calligula et Claude, l’imperium
prit le pas sur l’auctoritas.
On pensait bien connaître la liste des empereurs romains, mais des archéologues romains viennent de découvrir près
d’Oxford 5000 pièces du III° siècle de notre ère, avec un portrait nouveau autour duquel était inscrit : " IMP C
DOMITIANUS P F AUG ", ce qu’on traduit par "Empereur Caesar Domitianus, obéissant et heureux auguste" [ à ne pas
confondre avec Domitien Flavien, qui régna de 81 à 96 ]. Voilà donc un nouvel empereur, non répertorié !
Soit dit en passant, les pièces romaines n’étaient pas datées [ pas même "ab urbe condita" ]...
Leur âge est laissé à l’appréciation des archéologues et historiens !
Dans la chronologie traditionnelle, la fin de l’Empire romain d’Occident est fixée à 476 ( chute du
dernier empereur, Romulus Augustule ) ; celle de l’Empire romain d’Orient ( byzantin ) à 1453, après la prise de Constantinople
par les Turcs.
La question que nous nous posons est de savoir si le dernier empereur ouest-romain a été occis il y a 1500 ans,
ou plutôt il y a 700 ans ?
C’est bien là toute la différence entre la chronologie traditionnelle [ anno domini ], et la chronologie courte.
Voici un tableau résumant ces mille dernières années : nous partons de l’époque gréco-romaine "recadrée" à 1000 BP, puis remontons le cours du temps.
Dates en années BP ( avant le présent ) : |
Evénements : |
Vers 1000 |
Dynastie égyptienne des Ptolémées, grandes civilisations
du Proche-Orient ( Perse ) et d’Europe orientale ( Grèce ).
Royaume de Judée.
L’Empire romain est en pleine expansion : c’est l’époque
du "mare nostrum", la Méditerranée est sous le contrôle
de Rome. |
Vers 700 |
Fin de l’Empire romain d’Occident ; événement
cataclysmique sur l’ouest de l’Europe ; graves
inondations, puis épidémie de peste ; la Renaissance
se bâtit spontanément sur les restes de l’Empire, sans
longue période de transition ( "Moyen-Age" ) ; les
élites politico-religieuses, qui ont la connaissance des
événements passés, modèlent progressivement une
chronologique "longue" en intégrant dans l’Histoire
des épisodes fictifs ou dupliqués. |
Entre 500 et 400 |
Fin de la Renaissance, quattrocento.
Les dates BP [ à cause de "troncage" et de réajustements ] coïncident encore imparfaitement aux dates habituelles du
calendrier occidental... Puis l’an 1582 après Jésus-Christ [ date de la réforme
grégorienne ] sera l’année 368 en chronologie "Years Before Present"... |
La Renaissance aurait donc été, non pas une période de redécouverte de la culture antique, mais en fait l’époque
de la production de la plupart des textes classés plus tard comme antiques. Bien sûr, des écrits anciens [ d’avant la grande catastrophe... ]
ont vraisemblablement été découverts ; mais nous n’en connaissons que des copies, ou des textes incompréhensibles,
comme le fameux manuscrit Voynich et autres grimoires.
On constate surtout que c’est à partir d’un événement climatique brutal - et après la destruction quasi totale
des civilisations antiques - que l’essor de l’humanité a pu redémarrer, voici 700 ans, ce qui est finalement tout à fait conforme au type
de progression exponentielle des sociétés humaines...
En d’autres termes : ce qui est historiquement normal, c’est de passer en 50 années de l’avion des frères Wright au
bombardier à réaction ; ce qui n’est pas normal, en revanche, c’est de rester pendant 1000 ans au même type de char à bœufs...
Si c’est vraiment le cas, c’est qu’il y a quelque part une anomalie... ! Il peut s’agir en l’occurrence d’une catastrophe climatique majeure
sur une bonne part de la planète, provoquant un retour forcé de l’humanité en arrière !
Au cours du temps et des périodes historiques, les sociétés humaines diffèrent peu par leurs productions,
mais beaucoup par leurs moyens de production... D’où l’illusion des grands "Ages" du cuivre, du bronze ou du fer...
Et si nous en sommes arrivés au stade de développement "high tech" qui est le nôtre aujourd’hui, c’est essentiellement
parce que, depuis 7 siècles, il n’ y a plus eu de grand cataclysme planétaire !
Des calendriers nombreux
Au début de notre exposé, nous disions qu’à notre époque même, beaucoup de calendriers coexistent...
C’était aussi le cas, il y a 7 siècles... !
L’un de ces calendriers a pu être détourné... La critique chronologique s’appuie en effet sur de probables
manipulations des calendiers, ou plus précisément des ères... [ à caractère dynastique ou religieux ].
Mais pourquoi donc vouloir " se vieillir " ?
Pour des raisons évidentes de prestige et de légitimité... Ce n’est pas très différent des slogans publicitaires actuels
qui vantent les qualités d’eaux minérales : " Depuis des temps immémoriaux... ".
C’est un excellent argument de vente, même si c’est archi-faux !
Et cela a toujours été un très bon argument de séduction auprès des foules.
Revenons aux chronologies. Dans les textes anciens, il était courant d’écrire : "Dans la 5ème année
du règne du pharaon Amenophis.." ou "Dans la 15ème année du règne de l’empereur Tibère" [ cf. l’évangile de Luc, 3, 1 ].
D’où la profusion des chronologies ou " ères "...
Dans l’Antiquité, on connaissait l’ère des Séleucides, nommés d’après une dynastie héllénistique. On date ( par comparaison )
le début de cette ère à 312 avant Jésus-Christ. Il y avait aussi, bien sûr, l’ère romaine " ab urbe condita ", c’est-à-dire depuis la fondation
mythique de la ville de Rome [ 753 avant Jésus-Christ ]. Citons aussi l’ère de Dioclétien à compter
de 284 après Jésus-Christ, toujours en usage dans l’Eglise copte.
Ainsi que des calendriers, comme celui d’Eusebius et Orosius, qui datait ( retrospectivement ) la
naissance du Christ à + 5199 ans après la Création du Monde. Vers l’époque de Jules-César, on connaissait aussi un
calendrier ars mundi, ainsi que des chronologies d’inspiration babylonienne ou celto-germanique...
Sur la façade d’une tour de la petite ville de Kürnbach [ pays de Bade ], une date inscrite dans la pierre
indique 3496 en chiffres arabo-indiens. Pour l’historien Walter Haug, on peut aussi lire 1496 si l’on considère que les 3 "barres" réunies constituent le chiffre "1".
Mais dans les deux cas de figure, serait-on tenté de dire, de quel calendrier s’agissait-il ?
Ce n’est que vers la fin du XVI° siècle que l’on a commencé à mettre des dates sur les pièces de monnaie...
Comme l’écrit Garri Kasparov dans sa préface du "Livre de Civilisation", il faut noter aussi l’absence des datations anciennes dans les cathédrales,
à part bien sûr les plaques aposées au XVIII° ou XIX° avec des dates qui correspondent au système chronologique anno domini en usage.
Jusqu’à preuve du contraire, aucun édifice daté du XII° ou du XIII° siècle ne comporte d’inscription authentique contemporaine à la date prétendue
de la fin des travaux, ce à quoi on serait pourtant en droit de s’attendre !
La critique chronologique s’intéresse ainsi aux possibles manipulations du calendrier. En tout état de cause, à la Renaissance, il y a
pu avoir "récupération" d’un calendrier plus ancien par divers artifices.
Qui a changé l’heure ?
Il semble assez évident que la dernière catastrophe planétaire, puis les grandes épidémies, ont favorisé la naissance
d’un pouvoir politico-religieux fort, dans une partie de ce qui avait été l’Empire romain.
Pour Uwe Topper, certains éléments indiquent le sud de la Gaule, et tout particulièrement la vallée du Rhône autour
d’Avignon. L’établissement de la Papauté à Rome ne se fit qu’au XV° siècle [ quattrocento ].
Dans ce contexte, l’essor même de la chrétienté paraît assez récent [ 7-6 siècles ]. En réalité, le récit des Evangiles
a pu être calqué directement sur des représentations du théâtre "païen". De nos jours encore, beaucoup d’éléments du culte chrétien présentent
des aspects scéniques [ pastorales et crèches en Provence, passions et processions en Bavière et en Espagne ].
Tout comme l’office religieux en Orient, où le prêtre semble se retirer derrière les décors [ l’iconostase, cloison couverte d’icônes ]
d’une scène théâtrale.
En tout cas c’est la très nette impression que j’ai eue, voici quelques années, en assistant au culte de Pentecôte
sur l’île grecque de Milos. Une partie de l’office se déroule en coulisses... Etait-ce [ à l’origine ] pour changer de costume, comme
dans le théâtre antique où plusieurs rôles étaient joués par le même acteur ? Au milieu de la scène, prône l’autel ; les échanges entre "acteur"
et "public" rappellent le théâtre antique, également les choeurs, la division en prologue, les épisodes séparés par des chants,
et l’acte final ( ite missa est ). Selon Uwe Topper, le sacrifice rituel et même le repas de la Cène pris en commun,
trouvent leur origine dans les fêtes des morts publiques de l’Antiquité, que l’on jouait dans les théâtres.
L’historien et théologien italien Francesco Carotta a, quant à lui, proposé une thèse selon laquelle Jésus-Christ aurait
été Jules-César [ ou l’inverse ]. Sans aller aussi loin, on peut néanmoins postuler qu’un culte rendu à l’empereur romain fut effectivement à l’origine
du catholicisme... romain.
En tout cas, le secret politico-religieux a longtemps été bien gardé. Ce sont les discordances temporelles qui nous
révèlent peu à peu la vérité cachée...
Foi contre Raison ? C’est un faux débat, car pour le peuple chrétien, seule la Foi compte,
et non la croyance en une succession d’événéments historiques référencés par l’Encyclopédie... Le médecin et théologien protestant
Albert Schweitzer ( 1875-1965 ) n’avait guère offusqué son entourage en exprimant que Jésus-Christ n’était pas un personnage
historique, mais une figure créée par la Foi [ Eine vom Glauben geschaffene Gestalt, 1906 ].
Conclusion
Notre conception globale de l’Histoire antique et médiévale est née à la Renaissance, la bien nommée, après que les
populations européennes [ et autour de la Méditerranée ] eurent subi un terrible cataclysme d’origine cosmique [ passage rapproché
de comète, inondations ], suivi d’épidémies dévastatrices [ Peste Noire ].
A la Renaissance, voici 7 à 6 siècles, le pouvoir politico-religieux en place a favorisé une relecture de l’Histoire,
en faisant produire par les moines-copistes une multitude de textes d’inspiration antique, car il fallait se forger une légitimité en s’appuyant
sur l’ancienneté des actes fondateurs ( Evangiles, récits autour des apôtres Pierre et Paul ).
Dans le cadre d’une critique de la chronologie anno domini, il faut réexaminer tous les témoignages historiques
d’un point de vue analytique, comme le font les savants Fomento et Davidenco en Russie, Illig et Topper en Allemagne.
C’est aussi une question de simple bon sens... Il faut cesser de vouloir "forcer" l’archéologie dans le moule préfabriqué
de l’Histoire conventionnelle, et commencer à se poser des questions rationnelles, dans le cadre d’une critique saine et sereine de la chronologie.
L’époque la plus concernée est, bien sûr, la période charnière entre l’Antiquité et la Renaissance, qui dans l’esprit des
historiens aurait duré plusieurs siècles... alors qu’il pourrait ne s’agir que d’une coupure brutale de quelques dizaines d’années seulement,
qui laissa les survivants quasiment amnésiques. Et l’on comprend que les élites dirigeantes eurent à cœur de bien gérer la situation,
car il y allait également de leur propre survie ! Et c’était vraiment l’occasion d’asseoir leur pouvoir pour le long terme...
Certes, beaucoup souriront de ces allégations. Une phrase de Louis Pauwels et Jacques Bergier
dans "Le matin des Magiciens" me paraît ici appropriée : " Nous vivons sous un régime d’inquisition où l’arme la plus fréquemment
employée contre la réalité non conforme est le mépris accompagné de rires ".
Il y a déjà eu pire en matière d’inquisition !
Bien sûr il est clair que la reconstruction des événements historiques réels, voici 5 à 10 siècles,
est très compliquée ; ce travail de longue haleine fera longtemps l’objet de controverses !
Mais il n’est désormais plus possible de passer sous silence les contradictions de l’histoire "traditionnelle",
même si cela va à l’encontre de certaines convictions, ancrées par l’habitude.