Je dois remercier ( et féliciter ) Benoît Grison pour son commentaire
d’une impressionnante érudition, à propos de mes deux articles sur la survivance récente des Néanderthaliens
dans les Pyrénées ( RAYNAL 1989, 1990 ) : il y apporte nombre de remarques et
de précisions que j’attendais de lui depuis longtemps ( GRISON 1992 ).
Toutefois, et sans vouloir lancer une polémique aussi stérile que les amours ursines des
carnavals catalans, il me semble que Grison écarte un peu rapidement les "témoignages
historiques" que je citais :
- Il écrit en effet : "Le sauvage de la forêt d’Iraty ( 1774 ) ne peut être considéré comme un
hominidé relique plausible par le seul fait de son aptitude à la course et d’une pilosité
mythique souvent prêtée aux enfants ensauvagés".
Je rappelle qu’il était question d’un être "alerte comme les hisars" qui "habitoit les rochers
de cette forêt", et qui semait les chiens lâchés à ses trousses dans cet habitat, ce qui est
tout de même plus significatif qu’une simple "aptitude à la course", et se rapporte très
nettement à un pied spécialement adapté à la montagne.
Quant à la pilosité du sauvage d’Iraty, décrit comme "velu comme un ours", elle n’est
sûrement pas mythique, l’être en question ayant été observé de très près.
Je ne vois d’ailleurs pas ce qui permet à Grison d’affirmer qu’une "pilosité mythique [ est ]
souvent prêtée aux enfants ensauvagés". Dans leur étude classique sur les enfants
sauvages, SINGH & ZINGG ( 1980 ) ne citent que 7 cas de pilosité sur la quarantaine qu’ils
analysent : le cas mythique de la pilosité des enfants sauvages d’Hasunpoor en 1843 et de
Shahjehanpur en 1858 est certain ( et encore, il était précisé qu’ils avaient des poils
"courts" ).
Il n’en va pas de même des 4 ou 5 autres cas, à savoir le sauvage de Kronstadt
( Brasov ), capturé dans les forêts de l’actuelle Roumanie vers 1780 ( Wagner 1794 ),
manifestement Néanderthalien ( HEUVELMANS & PORCHNEV 1974 : 134-136 ) ; celui de
Trébizonde en 1814 ( Turquie ), capturé - suivez mon regard... - non loin du Caucase,
ainsi que la femme sauvage de Smyrne ( KINNEIR 1818 ) ; et justement le sauvage d’Iraty
de 1774 !
Enfin le squelette d’enfant sauvage et velu examiné en 1812 par le baron Larrey,
chirurgien des armées de Napoléon, dans un cabinet médical de Vilnius ( actuelle
Lithuanie ) [ LARREY 1817 ], présente nombre de caractères anatomiques qui évoquent
irrésistiblement l’Homme de Néanderthal : entre autres le front "presque nul", l’occiput
proéminent ( le fameux chignon occipital des Néanderthaliens ! ), la grandeur relative des
membres supérieurs et la briéveté relative des membres inférieurs ; et même "les
calcanéums très-prolongés en arrière", ayant pour effet d’augmenter l’effet de levier, et de
diminuer l’effort nécessaire pour faire un pas : un talon allongé se retrouve d’ailleurs aussi
bien sur les traces de pas de l’almasty du Caucase ( KOFFMANN 1991 ) que sur celles du
sasquatch du Nord-Ouest américain ( KRANTZ 1972 ) ; cela ne signifie pas pour autant qu’il
s’agisse d’une seule et même espèce - tout au plus un phénomène de convergence, dû
aux mêmes contraintes biomécaniques, auxquelles sont soumises ces deux primates
bipèdes de poids élevé.
Notons qu’une pilosité, mythique ou réelle, n’a jamais été signalée chez les enfants
ensauvagés ( stricto sensu ) pyrénéens : tant la "sauvagesse" de la forêt d’Issaux en 1730
( LEROY 1776 : 8 ; Anonyme 1973 ), que celle de la forêt de Montcalm en Ariège en 1809
( BERGES 1839 ) avaient la peau noire ( de bronzage et de crasse, selon toute
vraisemblance, mais nullement velue. Quant aux "pueri pyrenaici"
( enfants pyrénéens ) cités par
Linné ( LINNAEUS 1758 ), Jean-Jacques ROUSSEAU ( 1755 ) les sanctionne
très brièvement dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les Hommes :
"Et l’on trouva en 1719 deux autres Sauvages dans les Pyrénées, qui couroient par les
montagnes à la manière de quadrupèdes".
On pourrait songer à un véritable couple d’Hommes Sauvages et Velus, dont la
monogamie a été remarquée de tout temps, notamment par les peuples islamisés de l’Iran et du
Turkménistan ( ex-URSS ), au point qu’on les nommait dèves ( mot issu d’une
racine signifiant "deux", que l’on retrouve dans nombre de langues indo-européennes : russe dva,
anglais two, allemand zwei, latin duo, etc, et même dans le perse do ). Mais on connaît en
fait des cas de deux enfants ensauvagés, sans doute frères ou soeurs abandonnés par
leurs parents ( Amala et Kamala étant les plus célèbres ).
Hélas, rien n’est dit de l’anatomie, et notamment de la pilosité, de ces deux "enfants
pyrénéens", mais le fait qu’ils "couroient par les montagnes à la manière de quadrupèdes"
est en faveur d’un quadrupédisme typique des enfants ensauvagés ayant oublié la
marche bipède.
Si deux éléments ( la pilosité agressive et le pied de montagnard du sauvage d’Iraty ) ne
sont pas assez probants ( et je veux bien en convenir ), je puis en ajouter d’autres, que je
n’avais pas cités dans mon article : et tout d’abord , le "rire" qu’on lui prêtait. Rabelais
affirmait que le rire est le propre de l’Homme, bien qu’on puisse comparer certaines
mimiques du chimpanzé au rire humain. A contrario, les enfants ensauvagés n’apprennent
à rire qu’après leur retour à la civilisation ( BARLOY 1969, SINGH & ZINGG 1980 ),
BARLOY & CHARTRAIN 1982 ). Ce qui est sûr en tout cas, c’est que le "rire" des Hommes
Sauvages et Velus a été mentionné de tout temps, aussi bien en Asie ( voir entre autres
WERNER 1922 ) qu’en Europe, comme l’atteste Richard de Fournival qui écrivait dans son
Bestiaire d’Amour ( écrit vers 1250 ) :
" Ne rit li salvages hom
Quand il pluet ? "
[ L’homme sauvage ne rit-il pas quand il pleut ? ]
En Italie, on interprète naïvement ce comportement par un goût pervers du paradoxe,
que l’on prête à l’homme sauvage : il rit quand il pleut, parce qu’il fera beau ; et il est triste
quand il fait beau, parce qu’il pleuvra ( LAPUCCI 1988 ).
Il y a en fait des témoignages circonstanciés sur un tel "rire" chez les Hommes Sauvages
de l’ex-URSS ( voir notamment BAYANOV 1984 ). Rappelons que l’on attribue
au Basa-Jaun, l’Homme Sauvage et Velu du Pays Basque, un cri ressemblant
à l’irintzina, le cri
traditionnel basque, qui se termine en effet par une sorte de hennissement, ou d’éclat de
rire féminin. Chose intéressante, le Basa-Jaun pousse ce cri par temps brumeux, c’est-à-
dire "quand il pluet" ou presque. La conclusion qui semble donc s’imposer est que les
Hommes Sauvages utilisent par temps pluvieux ( lorsque la vue, et sans doute l’odorat,
sont inopérants ) un cri perçant, ressemblant à un rire, pour s’appeler.
Il faut également noter à propos du sauvage d’Iraty, que "son grand plaisir étoit de faire
courir les brebis, & de les disperser" : voilà qui évoque irrésistiblement le mythe du Maître
des Animaux, associé de tout temps à l’Homme Sauvage depuis Enkidou, le colosse velu
de l’épopée de Gilgamesh dans la mythologie babylonienne. Cela rapproche une fois de
plus le sauvage d’Iraty du Basa-Jaun de la légende basque : la traduction littérale de Basa-
Jaun est en effet "Seigneur sauvage", qui relève à l’évidence du mythe du Maître
des Animaux, comme le suggère très judicieusement Grison lui-même.
On peut même se demander si le fait que le sauvage d’Iraty "tenoit des deux mains" la
porte de la cabane des ouvriers qui l’observaient, n’est pas à mettre au compte d’une
faible opposabilité de pouce, comme chez les Néanderthaliens les plus spécialisés, tels
ceux de Kiik-Koba, en Crimée - particularité que l’on retrouve aussi chez les divers
Hommes Sauvages et Velus, tels le ksy-gyik de Dzoungarie ou l’almasty
du Caucase ( HEUVELMANS & PORCHNEV 1974, KOFFMANN 1991 ).
J’ajoute que j’ai eu l’occasion de visiter la forêt d’Iraty en 1990 : c’est la plus grande forêt
de feuillus d’Europe, et aujourd’hui encore, elle est restée impressionnante par son
caractère très sauvage, si ce mot a encore un sens.
Donc, je persiste et signe : au dix-huitième siècle, des Néanderthaliens survivaient
encore en Europe, précisément en Transylvanie et en Lithuanie ( voir plus haut ), et dans
les Pyrénées...
Le seul élément qui détonne, en fait, est que le sauvage d’Iraty "ne connaissoit ni le pain,
ni le lait, ni les fromages", alors que le penchant de l’Homme Sauvage pour le lait a été
signalé dans maints témoignages sur l’almasty du Caucase ( KOFFMANN 1992 ), comme
dans la tradition Pyrénéenne : ainsi, la prétendue "osa" ( ourse )
de Andara - une femme
sauvage et velue des montagnes de Cantabrie au siècle dernier - comme le "satyre"
exhibé à Barcelone en 1760, étaient friands de lait ( RAYNAL 1989, 1990 ) ; selon la
légende, Jean-de-l’Ours, à qui un berger voulait donner du lait de vache, "têta à même la
bête et l’épuisa d’un coup" ( PRANEUF 1989 : 49 ) ;
à Luz-Saint-Sauveur ( Hautes Pyrénées )
on rase "l’ours" du carnaval avec du lait de brebis ( PRANEUF 1989 : 61 ) ; le Basa-Jaun du
Pays Basque est accusé de voler le lait et le fromage dans les cabanes de bergers
( RAYNAL 1989 ) ; enfin, des légendes racontent le même épisode d’hommes sauvages
s’enfuyant affolés à la vue du lait en train de bouillir et de déborder : notamment, celles du
"traouc de l’ome pelut" ( trou de l’homme poilu )
à Clermont-sur-Lauquet ( Aude ) ( GUILAINE
1978 ), de "l’ome salvage e la lait" ( l’homme sauvage et le lait ) à Rouffiac-d’Aude
( MAFFRE 1939 ), et des "Iretgges ( Sauvages )"
de la forêt de Barthes en Ariège ( BONNEL 1927 ).
Il n’est question, comme au Caucase, que d’un besoin alimentaire, et non du mythe que
l’on trouve en Italie notamment, où l’homme sauvage, considéré comme le dépositaire
d’une antique sagesse, a enseigné aux hommes l’usage de la présure, comme faire le
beurre et le fromage, ainsi que la soudure de deux morceaux de fer en les portant au
rouge, la greffe des plantes, comment faire des noeuds avec des rameaux de jonc ou des
bougies avec de la cire d’abeille ( LAPUCCI 1988 ).
J’ai suggéré dans mon premier article ( RAYNAL 1989 ) que l’Homme
Sauvage recherchait dans le lait une source de vitamine D, que ses moeurs nocturnes et troglodytes lui
empêchent de métaboliser, et j’ai établi une relation entre cette habitude et la pathologie
néanderthalienne, où l’on note de nombreux cas de rachitisme, dû à une carence en cette
vitamine ( SHACKLEY 1980 : 30 ; 1984 : 146 ; RAYNAL 1989 ).
Quant au spectacle inhabituel d’un liquide en train de bouillir et de déborder d’un récipient, il effraye les animaux
domestiques ( faites donc l’expérience avec un chat ). Il est donc normal qu’un Homme
Sauvage s’affole aussi, à double titre même, puisqu’il voit ainsi gaspiller la précieuse
vitamine...
Or, dans le cas du sauvage d’Iraty, qui dispersait les moutons ( et donc les brebis ),
peut-être se servait-il tout simplement à la source, "sur la bête" - c’est-à-dire en la trayant ! -
comme cela a été noté au Caucase ( KOFFMANN 1992 ).
+ A propos de brebis, une légende située dans les grottes des gorges de la Fou ( non
loin d’Arles-sur-Tech et de ses "simiots" ), raconte que "de l’antre béant une chose luisante,
couverte de poils noirs, très longs, depuis la tête jusqu’aux pieds, apparut et s’élança
sur la bête en criant : "hâ, hâ", puis l’entraîna jusqu’à la grotte". Cette bête à l’air doux,
précise la légende, est recouverte de fourrure blanche et s’appelle "Bê" - on aura reconnu
sans peine une brebis !
"Ils s’endormirent l’un contre l’autre pour se préserver du froid de la nuit. Le lendemain, ô
nature adorable et féconde, créatrice de toutes choses, il y avait trois "Bê" sur les feuilles
sèches, dont deux nouveaux-nés. Pendant qu’ils têtaient, Hâ, dominant la vallée,
remerciait l’Eternel en criant un "Hâ" retentissant". ( BO I MONTAIGUT 1979 ).
Voilà un comportement paradoxal pour un ours, auquel Bo i Montaigut
croit devoir identifier "Hâ" : tout berger sait bien qu’un ours aurait plutôt étripé la brebis !
Si par contre il s’agit d’un Homme Sauvage, on peut avancer une explication logique : que cherchait-il en
capturant une brebis pleine, et même parturiente, sinon à manger le placenta, un trait qui
a été souvent signalé au Caucase ( KOFFMANN 1992 ), sans doute une source de sels
minéraux. On comprendra qu’il y avait de quoi pousser un "hâ, hâ" de contentement
encore le "rire" de l’Homme Sauvage !
+ "Le cas de l’idiot de Bagnères de Luchon, qui n’a fait l’objet d’aucune étude de la part
d’un pathologiste, n’est pas exploitable", poursuit Grison. Je regrette qu’une telle étude ne
soit pas disponible, mais je ne vois pas pourquoi il faudrait rejeter le "cas" pour autant.
Sinon, autant écarter folklore et représentations anciennes, en plus des témoignages !
En tout cas, j’ai sur Grison l’avantage d’avoir connu un témoin de première main,
à savoir Madame Ormière, de Narbonne, qui m’a confirmé les traits les plus caractéristiques
de Clémenti. Je puis même prouver de manière irréfutable au moins la réalité de l’existence
( passée ! ) de Clémenti, étant en possession de son acte de décès, grâce aux
recherches de Jean-Jacques Barloy ( DECKER 1990 ). Je continue donc de penser que
Clémenti avait des gènes néanderthaliens, plutôt qu’une invraisemblable accumulation
d’anomalies tératologiques.
+ J’émettais moi-même les plus grandes réserves sur le récit de Madame GOMEZ,
témoignage de seconde ou de troisième main, à prendre donc cum grano salis.
+ Benoît Grison démontre également, avec d’autres arguments que les miens, que
l’Homme Sauvage pyrénéen n’est pas du tout assimilable à l’ours, comme d’aucuns l’ont
prétendu, même s’il semble y avoir confusion ( au sens étymologique du terme ) entre les
deux êtres.
A l’appui de cette hypothèse, je puis ajouter quelques éléments, tirés des chasses à
l’ours des carnavals en Andorre : à Andorra la Velha, le costume de l’"ours" est fait non de
peaux, mais de paille, ce qui rappelle le folklore de "l’homme de paille", que l’on exécutait
comme substitut des sacrifices humains ; ainsi, il s’apparente au "bouc émissaire" d’origine
biblique, "bouc" étant une traduction malencontreuse de l’hébreu seirim, littéralement "les
Velus" ( HEUVELMANS & PORCHNEV 1974, RAYNAL 1989 ).
A Encamp ( Andorre ), l’homme-ours, non content de lutiner les jeunes filles,
porte suspendue à son cou une vessie de porc que les chasseurs ouvrent d’un coup de couteau,
libérant son contenu de vin rouge ( BOSCH 1987 : 248-249 ) : voilà qui, de toute évidence,
se réfère au vieux mythe de l’Homme Sauvage et Velu amateur de sexe et de bon vin.
De toutes façons, la meilleure preuve de la dualité de ces deux "personnages" est fournie
par le carnaval d’Ituren ( Navarre ), où se côtoient l’artza ( l’ours )
et le Basa-Jaun ( ZINTZO-GARMENDIA & TRUFFAUT 1988 ).
+ Grison affirme que nous ne possédons que quelques représentations ( dont il concède
qu’elles sont "analysées avec finesse par Raynal ainsi qu’Heuvelmans" ), et des données
ethnologiques. C’est oublier que la littérature médiévale espagnole a gardé la trace des
hommes sauvages, aussi bien dans le théâtre ( MAZUR 1968 ) que dans le roman,
notamment dans la novela sentimental, le roman courtois ( DEYERMOND 1964 ). Ainsi, dans le
Libro de Buen Amor ( livre du bel amour ), écrit au quatorzième siècle par le poète castillan
Juan Ruiz, archiprêtre de Hita, il est fait mention de serranas, de femmes sauvages vivant
dans les montagnes comme leur nom l’indique ; elles sont velues, très robustes,
généralement armées d’un bâton et d’une grande lubricité. bref, elles possèdent tous les attributs
mythiques de l’homme sauvage - ou en l’occurrence de la femme sauvage
( GOMEZ-TABANERA 1990 ). Mais que dire de la serrana de la Sierra de Guadarrama, que Juan
RUIZ ( 1970 ) décrit en ces termes :
1011 |
Dans l’Apocalypse de Saint-Jean l’Evangéliste,
On ne voit pas une telle figure, ni d’apparence si épouvantable ;
En grand nombre elle causerait grande lutte et grande conquête.
On ne sait de quel diable un tel fantôme peut être aimé. |
1012 |
Elle avait la tête très grande, disproportionnée,
Des cheveux très noirs, comme une corneille luisante,
Des yeux enfoncés et vermeils, peu et mal distincts,
Sa trace de pas est plus grande que celle d’une ourse. |
1013 |
Les oreilles aussi grandes que celles d’un âne d’un an,
Le cou noir, large, velu, petit,
Les narines très larges, de courlis ;
Elle boirait en quelques jours toute l’eau d’une mare. |
1014 |
Une bouche de dogue et le visage très grand,
Les dents larges et longues, chevalines, mal arrangées ;
Les sourcils larges et plus noirs que des grives ; [...] |
1015 |
Elle a un duvet de barbe de poils très noirs, [...] |
1016 |
Mais en vérité, si j’ai bien vu jusqu’au genou,
Les os sont très grands, la jambe pas très petite [...]
Les chevilles plus grandes que celles d’une génisse d’un an. |
1017 |
Plus large que ma main elle a le poignet,
Velu, avec de grands poils, mais pas très sec [ ? ]
La voix grosse et nasillarde,
Lente comme un bramement, sans grâce et sonnant creux. |
1018 |
Son petit doigt est plus grand que mon pouce [...] |
1019 |
Elle porte comme vêtement ses mamelles suspendues,
Qui lui arrivent à la ceinture [...] |
1020 |
Des côtes très grandes dans son flanc noir,
Une compte pour trois [...] |
Si l’on veut bien se souvenir des contraintes de la versification ( quatrains monorimes en
vers de 14 pieds ), on est forcé d’admettre que ce "portrait-robot" avant la lettre est d’un
réalisme hallucinant. Il rappelle un autre chef-d’oeuvre de l’amour courtois : Yvain, le Chevalier
au Lion ( vers 1170 ), du trouvère Chrétien de Troyes, où le chevalier Calogrenant
rencontre dans la forêt de Brocéliande ( Bretagne ) une créature assez semblable
( CHRETIEN DE TROYES 1971 ) :
286 |
"Uns vileins, qui ressembloit Mor,
leiz et hideus a desmesure,
einsi tres leide criature
qu’an ne porroit dire de boche, |
290 |
assis s’estoit sor une çoche,
une grant maçue en sa main.
Je m’approchai vers le vilain,
si vi qu’il ot grosse la teste
plus que roncins ne autre beste,
chevox mechiez et front pelé,
s’ot pres de deus espanz de lé,
oroilles mossues et granz
autiex com a uns olifanz,
les sorcix granz et le vis plat, |
300 |
ialz de çuete, et nes de chat,
boche fendue come lous,
dabz de sengler aguz et rous,
barbe rosse, grenons tortiz,
et le manton aers au piz,
longue eschine torte et boçue ;
apoiez fu sor sa maçue,
vestuz de robe si estrange
qu’il n’i avoit ne lin ne lange,
einz ot a son col attachiez |
310 |
deus cuirs de novel ecorchiez,
ou de deus tors ou de deux bués." |
"Un vilain qui ressemblait à un Maure, laid et hideux à démesure, si laide créature qu’on
ne pourrait le dire en paroles, était assis sur une souche, une grande massue à la main.
Je m’approchais du vilain et je vis qu’il avait la tête plus grosse que celle d’un roncin ou de
toute autre bête, des cheveux tombant en mêhces, et le front pelé, de près de deux
empans de large, les oreilles velues et grandes comme celles d’un éléphant, les sourcils
grands, la face plate, des yeux de chouette, un nez de chat, la bouche fendue comme un
loup, des dents de sanglier, aigües et rousses, la barbe rousse, les moustaches tordues,
et le menton collé à la poitrine, l’échine longue, tordue et bossue. Appuyé sur sa massue,
il portait un vêtement si étrange qu’on n’y voyait ni lin ni laine, mais il avait, attachées à
son cou, deux peaux fraîchements écorchées, de deux taureaux ou de deux boeufs."
Reprenons les éléments de ces descriptions seriatim, et comparons-les
avec les données rassemblées par les chercheurs de l’ex-URSS, ainsi qu’avec l’anatomie
néanderthalienne telle qu’on peut la déduire des ossements :
N.B. :
- L = Libro de Buen Amor ;
- Y = Yvain ;
- k et a = témoins du Kabarda et d’Azerbaïdjan ( in KOFFMANN 1991 ) ;
- KG = description du ksy-gyik par Khakhlov ( in HEUVELMANS &
PORCHNEV 1974 : 53-55 ).
-
tête : "très grande" ( L ), "plus grosse que celle d’un roncin"
( Y ). Le volume du crâne
des Néanderthaliens était de l’ordre de 1 500 cm3, voire 1 700,
supérieur donc à la moyenne de l’homme moderne.
-
face : "visage très grand" ( L ) ; "face plate" ( Y ).
Voir l’oncognathisme des Néanderthaliens
-
front : "pelé" ( Y ) ; derrière les arcades sourcilières,
"une étroite bande de peau calleuse au-delà de laquelle les cheveux poussent" ( KG ).
-
yeux : "enfoncés et vermeils" ( L ), "de chouette"
( Y ) : "ses yeux miroitaient légèrement
d’une lueur rougeâtre" ( 28k ). Il s’agit peut-être d’une adaptation
à la vie nocturne, la couleur rouge n’étant due qu’à la réflexion de la lumière incidente par le tapetum. Les yeux de
chouette décrivent de manière imagée les grands globes oculaires des Néanderthaliens,
visiblement [ c’est bien le cas de le dire ] une adaptation à la vie nocturne [ que l’on songe
aux yeux des tarsiers et lémuriens nocturnes, pour nous limiter aux primates ].
-
sourcils : "larges" ( L ) ; "grands" ( Y ) ;
"extrêmement saillants" ( 52k ) ; il s’agit de toute
évidence d’une description naïve des arcades sourcilières proéminentes, le fameux torus
supra-orbitalis de l’Homme de Néanderthal.
-
nez : "narines très longues" ( L ) ;
"un nez de chat" ( Y ) ; "nez très large, aplati, les narines
baillent sur le devant comme des monnaies de 10 kopecks" ( 119k ) ;
"le nez est écrasé et les narines sont grandes" ( KG ). Les travaux récents
de l’anthropologue Eric Trinkaus confèrent en effet aux Néanderthaliens un nez aplati,
avec des narines béantes s’ouvrant vers l’avant ; il semble jouer un rôle dans l’adaptation
au froid comme dans l’olfaction.
-
oreilles : "aussi grandes que celles d’un âne d’un an" ( L ),
"velues et grandes comme
celles d’un éléphant" ( Y ) ; "les oreilles sont étirées vers le haut"
( 43a ), "plus grandes que chez l’homme" ( 126k ).
Avec les limites de la versification, on peut y voir des oreilles
grandes, et peut-être même pointues. Il est également possible qu’il s’agisse d’un calembour
visuel : en prenant au pied de la lettre l’expression "avoir des oreilles d’éléphant", qui
signifie simplement avoir l’ouïe fine, on s’imagine naïvement sous l’Antiquité qu’il existait
des hommes aux oreilles démesurées, comme Ctésias en situait aux Indes. Poussant plus
loin la confusion, ce dernier affirmait même que ces êtres s’enveloppaient leurs oreilles
comme d’une couverture pour dormir - visualisation de l’expression "dormir sur ses deux
oreilles" ! Les oreilles de l’almasty, grandes et poilues, et sa propension à dormir de jour,
ne pouvaient que donner corps à une telle confusion.
-
bouche : "de dogue" ( L ) ;
"fendue comme un loup" ( Y ) ; "largement fendue" ( 31k et
60k ) ; "la bouche des ksy-gyik est encore plus large",
disent les Kazakhs en s’étirant les commissures des lèvres avec les doigts ( KG ).
-
dents : "larges et longues, chevalines, mal arrangées" ( L ) ;
"de sanglier, aigües et rousses" ( Y ) ; si cette dernière description
exagère la bestialité, la première fait penser au ksy-gyik, dont les incisives sont inclinées
vers l’avant "comme chez un cheval" ( KG ),
comme à l’almasty aux dents "comme chez l’homme, mais plus fortes, les quatre dents de
devant très grandes" ( 119k ). On ne saurait mieux les comparer qu’aux dents, restées
célèbres dans les annales du cinéma, de l’acteur Fernandel... et aux dents des Néanderthaliens, grandes et robustes.
-
cou : "noir, large, velu, petit" ( L ) ;
"menton collé à la poitrine" ( Y ) ; "le cou est massif"
( KG ) ; "la tête est enfoncée directement dans les épaules"
( 142k ).
-
dos : "l’échine longue, tordue et bossue" ( Y ) ;
"une allure voûtée" ( KG ) ; "voûtée, les
épaules abandonnées vers l’avant" ( 48k ). Cette attitude voûtée, ramassée sur soi, bien
que contestée par la plupart des anthropologues, est logique chez les Néanderthaliens : en
dissimulant la surface corporelle offerte à la déperdition calorifique, c’est encore une adaptation au froid.
-
peau : le cou, comme le flanc, est "noir" ( L ) ;
le Vilain est comparé à un Maure ( Y ),
donc noir ; "la peau du visage est noire" ( 54k ) ;
"la peau du visage est glabre et foncée" ( KG ).
Il est possible que cette couleur est due à la crasse, puisque chez les hommes sauvages, capturés
et dûment nettoyés [ celui de Kronstadt, le satyre de Barcelone, le spécimen
congelé étudié par Heuvelmans, etc. ], la peau est claire.
Juan Ruiz donne des détails supplémentaires et significatifs sur la
serrana, entre autres
les mamelles arrivant à la ceinture, s’accordant avec les témoignages sur des femelles
almasty : "de longues mamelles à moitié vides lui pendaient bas
sur le ventre" ( 48k ) ; "ses
mamelles étaient très longues ; elles étaient toutes les deux rejetées par-dessus les épaules"
( 72k ). Voilà qui trahit une adaptation à la vie en montagne : il est en effet possible
d’allaiter le bébé dans le dos, tout en escaladant les rochers.
Quant aux côtes, grandes au point qu’ "une compte pour trois",
elles rappellent les témoignages en Asie, et la poitrine bombée et carénée des Néanderthaliens.
+ Je profite de l’occasion pour apporter quelques précisions
sur la prétendue osa ( "ourse" ) de San Salvador de Cornellana
( Asturies ), en l’honneur de laquelle le seigneur de
Doriga fit élever une sculpture à son effigie ( ARIAS 1955, CANELLADA 1983 ), et dont j’ai
raconté l’histoire dans un précédent article ( RAYNAL 1989 ) : son attitude de repos, en
"prière du Musulman", a été signalée non seulement par le zoologue russe Khakhlov en
1914 chez le ksy-gyik de Dzoungarie, mais encore par le chercheur Damdine, disciple de
l’académicien Rintchen, en 1960 chez l’almas de Mongolie ( BOURTSEV 1982 )
[ voir dessins ]. Cette position de sommeil, qu’adopte parfois le bébé
Homo sapiens, était aussi
celle de l’enfant ensauvagé Peter de Hanovre ( SINGH & ZINGG 1980 ) :
de toute évidence, elle a pour effet de conserver la chaleur corporelle.
Incidemment, l’étude des restes fossiles néanderthaliens révèle une déformation des os
de la cheville, que l’on a interprétée comme due à l’habitude de s’accroupir autour d’un feu
( TRINKHAUS 1975 ). C’est bien possible, mais le repos en "prière du Musulman" donnerait
peut-être le même résultat...
+ En tout cas, l’hypothèse de la survivance récente de Néanderthaliens
dans les Pyrénées et en Espagne semble se répandre hors de nos frontières, si l’on
en juge par un passage du récent ouvrage de Robert HUTCHINSON ( 1989 ) sur son expédition au Népal à la
recherche du Yéti :
"Les anthropologues fouillant la grotte d’El Juyo, dans les monts au sud-ouest
de Santander ( Espagne ), ont trouvé une tête de pierre de 35 cm
( 14 pouces ) représentant une créature mi-homme mi-bête.
La grotte d’El Juyo était fréquentée par une tribu de Cro-Magnon il y a 14 000 ans,
et la sculpture pourrait être la représentation en pierre d’un yéti ou d’un
homme sauvage.
Mon sentiment est que des Néanderthaliens ou des Gigantopithèques reliques
existeraient encore, et ont inspiré des sculptures comme la tête d’El Juyo ou des légendes telles
que l’épopée de Gilgamesh."
Cette sculpture est visiblement celle dont Hans BIEDERMANN ( 1984 ) a reproduit un
dessin dans son ouvrage sur l’art préhistorique, et qu’il décrit ainsi :
"Cette sculpture [ ... ] montre des rides ciselées autour d’un "oeil" que l’on devine et près
de la "bouche". La ressemblance [ ... ] est encore accentuée par le travail qui a été fait en
plus, en vue d’ébaucher un deuxième oeil, le nez, les dents et le début de la chevelure,
ainsi qu’une espèce de moustache. Les lèvres et le menton sont ornés en outre de points
noirs, ce que l’on pourrait interpréter comme une ’pousse de barbe."
Si le développement de la face, la réduction du front, la largeur de la bouche, le nez
aplati [ "de chat" ], les pommettes saillantes, voire les poils follets sur la face [ la prétendue
’pousse de barbe’ ], pourraient faire penser à l’almasty
et ses congenères [ voir dessin ], il a
été suggéré qu’il s’agirait plutôt d’une tête "duale", au côté gauche vaguement "humain", et
au côté droit vaguement "felin". Il serait donc très audacieux d’y voir une face néanderthalienne...
+ Quoi qu’il en soit, une chose au moins est désormais indiscutable :
des Néanderthaliens ont survécu très tardivement en Espagne, puisque l’anthropologue Jean-Jacques
Hublin, du Musée de l’Homme, termine une étude sur les découvertes récentes faites
dans la grotte espagnole de Boquete de Zafarraya ( province de Malaga ) : elle a révélé
une industrie moustérienne, et surtout une mandibule néanderthalienne dans un gisement
estimé à 28 000 ans seulement, soit 7 000 ans après la date généralement admise
pour la disparition des Néanderthaliens ( GELLY 1992 ).
REMERCIEMENTS
Je remercie vivement pour l’aide qu’ils m’ont apportée, Jean-Jacques Barloy, de Paris ;
Pierre Duny-Pétré, de Saint-Jean-Pied-de-Port ; José-Manuel Gomez-Tabanera,
de l’Université d’Oviedo ; Bernard Heuvelmans, Centre de Cryptozoologie, au Vésinet ; Marie-
Jeanne Koffmann, de Moscou et Paris ; Salvador Lopez, de Narbonne ; Gerard van
Leusden, d’Utrecht.
 |
 |
Voici comment le zoologiste russe Vitalie Khakhlov, en 1914
( à droite ) et le chercheur mongol Damdin, en 1960, ont
représenté, indépendamment l’un de l’autre, l’un un "ksy-ghyik" endormi, l’autre un "almasty". |

TETE SCULPTEE D’EL JUYO
REFERENCES CITEES
-
Anonyme
1973 La sauvagesse de Pétraoube en Aspe.
La République des Pyrénées 11 ( 02 Octobre ).
-
ARIAS, Manuel Antonio
1955 La leyenda de San Salvador de Cornellana. Boletin del Instituto de
Estudios Asturianos, vol. 25 : 269-282.
-
BARLOY, Jean-Jacques
1969 Les enfants-loups. Sciences et Avenir, n° 273 ( Novembre ).
-
BARLOY, Jean-Jacques & Dominique CHARTRAIN
1982 Les enfants sauvages dans l’ordinateur. Amazone, n° 1 : 36-40.
-
BAYANOV, Dmitri
1984 Hominology in the Soviet Union, in Vladimir MARKOTIC and Grover
S. KRANTZ : The Sasquatch and other Hominoids, Calgary, Western
Publications : 65-74.
-
BERGES, D.
1839 Lectures morales, suivies de la description du département de
l’Ariège. Foix : 238-240.
-
BIEDERMANN, Hans
1984 Höhlenkunst der Eiszeit. Köln, Du Mont : 136-138.
-
BO I MONTAIGUT, Gaston Dominique
1979 Légendes populaires des villages du Roussillon. Saint Génis des
Fontaines, Editions l’Horta des Monastir.
-
BONNEL
1927 Les Iretgges ( Sauvages ). L’Avenir,
Foix ( 25-27 Septembre ).
-
BOSCH, Robert
1987 L’Ours-Totem d’Arles-sur-Tech. Arles-sur-Tech, Copylux.
-
BOURTSEV, Igor
1982 L’"abominable homme des neiges" : le problème demeure. Asie et
Afrique Aujourd’hui, n° 2 : 59-62 ( Mars-Avril ).
-
CANELLADA, Maria Josefa
1983 Leyendas, cuentos y tradiciones de Asturias. Gijon, Ayalga : 298.
-
CHRETIEN DE TROYES
1971 Le Chevalier au Lion ( Yvain ). Paris, Honoré Champion : 9-10.
-
DECKER
1990 Lettre à Jean-Jacques Barloy ( 07 Mai ).
-
DEYERMOND, Alain D.
1964 El Hombre Salvaje en la novela sentimental. Filologia Moderna,
vol. 10 : 97-111.
-
GELLY, Robert
1992 L’énigme de Neandertal. Sciences et Avenir, n° 542 ( Avril ).
-
GOMEZ-TABANERA, José-Manuel
1990 El tema del hombre salvaje y el descubrimiento de América. El
Basiliceo, 2° epoca, n° 4 : 31-50.
-
GRISON, Benoît
1992 Le problème de l’Homme Sauvage des Pyrénées au regard des
données de l’anthropologie culturelle. Bipedia, n° 8 : 7-11 ( Mars ).
-
GUILAINE, Jean
1978 Récits et Contes Populaires du Languedoc. Paris, éd. Gallimard,
vol. 2 : 139-141.
-
HEUVELMANS, Bernard & Boris PORCHNEV
1974 L’Homme de Néanderthal est toujours vivant. Paris, Plon.
-
HUTCHINSON, Robert A.
1989 In the track of the Yeti. London, MacDonald and Co : 9.
-
KINNEIR, John MacDonald
1818 Voyage dans l’Asie Mineure, l’Arménie et le Kourdistân dans les
années 1813 et 1814. Paris, Gide fils, vol. 2 : 78-79.
-
KOFFMANN, Marie-Jeanne
1991 L’almasty, yéti du Caucase. Archéologia, n° 269 : 24-43 ( Juin ).
-
KOFFMANN, Marie-Jeanne
1992 L’almasty du Caucase : mode de vie d’un hominoïde.
Archéologia, n° 276 : 51-65 ( Février ).
-
KRANTZ, Grover S.
1972 Anatomy of the Sasquatch foot. North West Anthropological
Research Notes, vol. 6 [ n° 1] : 91-104.
-
LAPUCCI, Carlo
1988 L’uomo selvatico. Abstracta, vol. 3
[ n° 26 ] : 86-95 ( Maggio ).
-
LARREY, Jean-Dominique
1817 Mémoires de chirurgie militaire et campagnes. Paris, J. Smith,
vol. 4 : 17-18.
-
LEROY, Julien David
1776 Mémoire sur les travaux qui ont rapport à l’exploitation de la
mâture dans les Pyrénées. London.
-
LINNAEUS, Carolus
1758 Systema Naturae. Holmiae, Impensis Laurentii Salvii.
-
MAFFRE, J.
1939 L’Homme Sauvage et le Lait. Folklore, Carcassonne, n° 12 : 31-34.
-
MAZUR, Oleh
1968 Various folkloric impacts upon the salvaje in the Spanish comedia.
Hispanic Review, vol. 36 [ n° 3 ] : 207-235 ( July ).
-
PRANEUF, Michel
1989 L’Ours et les Hommes dans les Traditions Européennes. Paris, Imago.
-
RAYNAL, Michel
1989 L’Homme Sauvage dans les Pyrénées et la Survivance des Néanderthaliens.
Bipedia, n° 3 : 1-16 ( Septembre ).
- RAYNAL, Michel
1990 Une figuration de l’Homme Sauvage dans les Pyrénées ?
Bipedia, n° 4 : 16-18 ( Mars ).
-
ROUSSEAU, Jean-Jacques
1755 Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Paris.
-
RUIZ, Juan
1990 Libro de Buen Amor. Madrid, Espasa-Calpe, Vol. 2 : 54-60.
-
SHACKLEY, Myra
1980 Neanderthal Man. London, Duckworth.
-
SHACKLEY, Myra
1984 Wildmen - Yeti, Sasquatch and the Neanderthal enigma. London,
Thames and Hudson.
-
SINGH, J.A.L. & R.M. ZINGG
1980 L’homme en friche : de l’enfant-loup à Kaspar Hauser. Bruxelles,
éditions Complexe.
-
TRINKHAUS, Erik J.
1975 Squatting among the Neanderthals : a problem in the behavioural
interpretation of skeletal morphology.
Journal of Archaeological Science : 327-351.
-
WAGNER, Michaël
1794 Beyträge zur philosophischen Anthropologie und den damit
verwandten Wissenschaften. Wien, Joseph Stahel : vol. 1, 251-268.
-
WERNER, E.T. Chalmers
1922 Myths and Legends of China. London, George Harrap : 392-393.
-
ZINTZO-GARMENDIA, Benat & Thierry TRUFFAUT
1988 Carnavals basques. Portet-sur-Garonne, Editions Loubatières.
 |
Répondre à cet article
|
 |
 |
 |
Envoyer l'article à un ami
Imprimer l'article
Article au format PDF
DANS LA MEME RUBRIQUE :
THE MARINE HOMONCULUS HYPOTHESIS :
|