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BIPEDIA 16.4
LES DOGONS DU MALI ET LEURS CONTACTS SUPPOSÉS AVEC DES "EXTRATERRESTRES"
PAR CARLOS BONET BETORET
Première publication : mars 1998,
mise en ligne : lundi
30 juin 2003
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Ces dernières décennies, de nombreux peuples africains ont été étudiés par divers chercheurs
anthropologues et ethnologues, dans le but de faire connaître au monde leurs cultures et leurs modes de vie.
Nous citerons par exemple les Saharouis ( Caro ), les Ewuzoks ( Mallart ),
les Pygmées ( Turnbull ), les Massaïs ( Roumeguère-Eberhardt ),
les Fangs ( Ochamve ), les Azandes ( Ewana ), les Bwas ( Capron ),
les Lugbaras ( Middleton ), les Ethiopiens ( Gonzales ), les Saras ( Jaulin ),
les Dinkas ( Lienhardt ), les Ocholos ( Abeles ), les Touaregs ( Bernezat ),
les Yorubas ( Thompson ), les Shongays ( Boulnois ), les Himbas ( Abati ),
les Mossis ( Skinner ), les Guenminas ( Torre ), les Bambaras ( Dieterlen ),
les Sothos ( Watson ), les Boschimans ( Silberbauer ), les Zimbabwés ( Randles ),
les Havus ( Kashimura ), les Ndembus ( Turner ), les Swahilis ( Freeman ),
et autres.
Ce court travail est dédié au peuple des Dogons du Mali, qui vivent dans les falaises
de Bandigara, au sud de la boucle du fleuve Niger (Dijoliba). Ce peuple a déjà été très étudié par l’anthropologue
Marcel Griaule et par sa fille, et nous n’y ajouterons rien de nouveau. Ce que nous désirons, c’est critiquer l’idée
absurde d’une origine "extraterrestre" de la culture Dogon : expression dune mode fort répandue de vouloir
mettre en relation les diverses cultures du monde avec la visite d’habitants d’autres planètes. Nous nous élèverons
contre ces superstitions, et montrerons, de manière rationnelle et logique, leur manque de sens absolu.
Marcel Griaule écrivit en 1948 la première édition de son livre "Dieu d’eau, entretiens avec
Ogotemeli". Après une première visite aux Dogons, dès 1931, il fit un séjour en 1946 dans le village d’Ogol,
où il fit la connaissance d’un vieillard appelé Ogotemeli. Cet homme lui expliqua, au cours de conversations
qui durèrent 33 jours, ce qu’était la mythologie des Dogons, jusqu’alors inconnue. Grâce à cet Ogotemeli,
Griaule fit connaître au monde la cosmogonie des Dogons : son livre est un exposé de tous ces mythes, dans
le but de les rendre compréhensibles au lecteur occidental. Nous allons faire un bref résumé de cette mythologie
des Dogons, d’après le récit d’Ogotemeli :
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Selon les Dogons, le dieu suprême, appelé "Amma", fit les étoiles, le Soleil, la Lune et la Terre ;
cette derrière en façonnant une gigantesque statue d’argile en forme de corps de femme. Cette Terre-Femme avait
comme vagin un nid de fourmis, comme clitoris un nid de termites, et Amma voulut s’accoupler avec elle,
mais il était gêné par le clitoris, qui était considéré comme un attribut masculin. Alors, Amma excises le clitoris-nid
de termites, et il put s’accoupler sans problème avec la Terre-Femme. Mais de cette première union imparfaite
naquit le Chacal, un être jugé très négatif, symbole des difficultés du dieu Amma.
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Après, il y eut un nouvel accouplement qui engendra les jumeaux "Nommo" moitié-hommes,
moitié-serpents ; ils avaient huit membres flexibles, sans articulations. Ces jumeaux furent amenés au Ciel
afin d’y recevoir la sagesse de leur père Amma, et comme ils étaient parfaits, ce ne fut pas nécessaire de leur
apprendre à parler. Comme numéro, ils avaient le 8, qui est le symbole de la parole, et ils avaient en eux l’essence
d’Amma, car ils avaient été formés à partir de sa semence, identifiée à l’eau douce et à l’eau salée.
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Puis le chacal est une relation incestueuse avec sa mère, la Terre, et avec cette relation lui
vint la parole : il put ainsi révéler les desseins d’Amma. Comme la Terre était devenue impure
on peut voir là une menstruation - Amma l’abandonna et décida de créer directement les êtres vivants.
Pour ce faire, il jeta au sol de petites boules d’argiles qui se transformèrent en Homme et en Femme :
ce fut le premier couple humain.
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Ensuite, les Nommo donnèrent à l’homme une âme masculine et une âme féminine,
et ces mêmes deux âmes à la femme, ce qui fait que depuis l’origine, chaque personne a ces deux âmes de sexe
différent. Les Dogons croient que l’âme féminine de l’homme est dans le prépuce, et que l’âme masculine de la femme
est dens son clitoris. Afin d’éliminer cette contradiction, les Nommo excisèrent le clitoris de la femme, laquelle
devint un scorpion, et ils coupèrent aussi le prépuce de l’homme, qui devint un lézard.
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Alors, l’accouplement de ces premiers humains fit naître huit êtres qui étaient à la fois
homme et femme, et chacun put se reproduire à partir de lui-même, engendrant ainsi les ancêtres des Dogons.
Ces ancêtres montèrent ensuite au Ciel et se transformèrent en 8 Nommo, qui étaient de degré inférieur aux
deux premiers Nommo, fill de Amma et de la Terre. Puis Amma renvoya dens le monde ces huit ancêtres, chargés
de symboles et de tablettes, afin d’enseigner tous les autres êtres.
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Pour que ces huit ancêtres puissent s’alimenter, Amma leur donna huit différentes
graines, le dernier des grains étant la céréale que les Dogons appellent "fon" ( Digitaria ).
Ces huit types de graines, correspondent aux huit parties du corps humain ; on les considère comme étant
à l’origine du système octocimal des Dogons.
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Alors que les huit ancêtres descendaient en ordre dans le monde, le huitième passa
devant le septième. Celui-ci rentra dans une telle colère qu’il se changa en serpent.
Cet ancêtre-serpent dévora l’homme appelé "Lebé", qui était le premier descendant du huitième ancêtre
descendu du Ciel. Ce "Lebé" est considéré comme le neuvième ancêtre.
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Les hommes créés par les huit ancêtres étaient, au début, immortels, car après
une longue vie passée sur terre, ils montaient au Ciel. Mais, par la suite, ils devinrent mortels. Certains des hommes
qui étaient montés au Ciel retournèrent sur terre pour aider leurs descendants, on les appela les "Binu".
Chacun des huit groupes d’ancêtres adoraient un Binu différent dans des sanctuaires où officiaient des prêtres,
les "hogons".
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Il existe chez les Dogons une cérémonie appelée "sigui", qui se déroule tous les soixante ans,
durant laquelle on sculpte un serpent dans un tronc d’arbre. Ensuite, l’on boit de la bière de millet. Cette cérémonie
a pour but le renouveau de toutes les forces spirituelles.
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Il faut ajouter que les Dogons représentaient à l’origine le Nommo mâle sous la forme
d’un bélier, et le Nommo femelle sous celle d’un disque solaire entre les cornes du bélier, ce qui peut rappeler la
religion de l’Egypte ancienne.
A la suite de ce résumé des mythes dogons racontés par Ogotemeli à Griaule,
nous commenterons un autre livre sur les Dogons, écrit en 1977 par Robert Temple, dont le titre est :
"The Sirius Mystery". Ce livre prétend étudier la mythologie dogon, affirmant que si ce peuple
connaît aussi bien l’étoile Sirius, c’est parce que leurs ancêtres avaient eu des contacts avec des visiteurs venus
de cette étoile. Temple dit que des êtres intelligents, originaires dune planète tournant autour de Sirius,
sont arrivés sur Terre à bord d’astronefs et ont apporté leur culture aux Dogons. Nous pouvons résumer ici les
arguments développés par Temple en faveur de cette théorie :
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Les civilisations terrestres n’ont pas été créées par les humains, mais ont une origine
extraterrestre. Les cultures égyptiennes et sumériennes "sont parties de zéro", autrement dit, il y aurait eu
un passage brusque de la préhistoire à une forme de civilisation élaborée. Temple ajoute que seuls des
extraterrestres étaient capables de répondre à la question de savoir si l’être humain est naturellement bon
ou mauvais.
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Temple parle ensuite des Dogons, en commentant les recherches faites par Griaule
sur leurs connaissances en Astronomie.
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Il explique ensuite que les Dogons savaient que Sirius était en réalité une étoile double.
La découverte officielle remonte à 1931, quand on découvrit une toute petite étoile qui tournait autour de Sirius.
On les appela "Sirius A" et "Sirius B". Les Dogons ont toujours connu "Sirius B" sous le nom de "Fon", qui est aussi le
nom d’une céréale. Il est curieux que les Dogons connaissaient la circulation du sang, avent sa découverte par
Harvey ( 1578-1657 ). Pour les Dogons, l’étoile "Fon" ( Sirius B ) est le lieu d’origine
des dieux Amma et Nommo ; il est dit que Nommo reviendra sur Terre à la fin des temps.
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Temple parle aussi des connaissances qu’avaient les anciens Egyptians sur Sirius et Orion,
étoiles qu’ils appelaient respectivement "Sept" et "Sah". Selon Wallis-Budge, les étoiles Sirius et Orion peuvent
correspondre au couple divin Isis et Osiris. Robert Temple pense que la déesse Neftis, soeur d’Isis,
peut être identifiée au "Fon" des Dogons. Il dit aussi que, puisque Isis et Neftis sont représentées avec des
récipients d’eau, ce serait l’illustration de 2 planètes renfermant de l’eau en surface, qui tournent autour de l’étoile Sirius.
Il en déduit alors que les deux planètes sont les lieux d’origine des extraterrestres qui sont venus enseigner l’astronomie
aux humains. Il faut se rappeler que chez les anciens Egyptiens, l’étude de Sirius avait une grande importance
dans le calendrier, comme l’ont étudié Alimen, Botero et Vercoutier.
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Puis, Temple compare la mythologie des Dogons et des Egyptiens, avec celle d’autres peuples
antiques, les Sumériens de la Mésopotamie en particulier, et il identifie alors les extraterrestres de Sirius au dieu
sumérien Oannès. Selon les légendes anciennes de Sumer, Oannès était un dieu en forme de poisson, ou un être
amphibie, arrivé de la mer pour civiliser les hommes. Il avait fondé la ville prédiluvienne de Shurupak.
Temple défend la théorie de contacts anciens entre Egyptiens et Sumériens, ce qui est une possibilité raisonnable.
Il met également en rapport les 50 ans que prend Sirius B pour tourner autour de Sirius A, avec les 50 noms
attribués au dieu suprême, Marduk, des Babyloniens.
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Temple compare ensuite les mythes égyptiens et dogons à ceux des Grecs, notamment à celui
des Argonautes, où il identifie les 50 ans que dure la révolution de Sirius B, aux 50 héros qui prirent place dans le
navire Argos. Comme les Argonautes allaient en Colchide, sur la mer Noire, Robert Temple ajoute que les habitants
de cette contrée devaient descendre de colons égyptiens, idée défendue par des auteurs grecs classiques,
comme Hérodote et Pindare. Des historiens modernes, comme Ferran Iniesta, ont défendu
aussi la théorie de l’origine égyptienne des habitants de Colchide.
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Pour ce qui a trait aux origines des Dogons, Temple écrit qu’ils sont les descendants de l’ancien
peuple des Garamantes de Libye, et suppose qu’ils ont migré au sud du fleuve Niger, où ils se mélangèrent aux
populations locales. Temple croit aussi que les Garamantes descendent des Pélasges, anciens habitants de la Grèce
pré-hellénique. Ces Pélasges seraient venue de Grèce jusqu’en Libye, où ils furent à l’origine du peuple garamante.
Donc, selon cette théorie, les Dogons seraient les descendants des Pélasges.
Cela ressemble à la théorie, émise par les historiens du XIXe siècle, selon laquelle les Guanches des iles
Canaries descendraient des Vandales germaniques.
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Puis, Temple revient à son idée de comparer Nommo à Oannès, étant donné que tous les deux
sont des dieux aquatiques. Il considère alors que ces dieux sont des extraterrestres, originaires d’une planète qui tourne
autour du système double Sirius A et B. Temple décrit même l’anatomie de ces visiteurs qui auraient la forme
classique de la Sirène : moitié humain, moitié poisson. Il dit aussi que la forme allongée des masques "sirigui"
des Dogons reproduit la forme des nefs spatiales, au bord desquelles seraient arrivés ces visiteurs en provenance
de Sirius. Temple prétend se référer à l’autorité d’astronomes comma Carl Sagan pour défendre sa théorie que la
Terre a été civilisée par des êtres venue d’autres mondes : ce sont eux qui auraient apporté aux humains leurs
connaissances scientifiques ou mythologiques.
Il faut bien admettre que l’oeuvre de Temple a le mérite de nous faire mieux connaître la
culture dogon, et qu’elle établit des liens avec divers peuples antiques. Mais des auteurs comme Robert Temple,
et quelques autres, traitent cette question sous une forme sensationnelle - et sans logique scientifique.
Nous devons maintenant faire la critique de l’argumentation de Temple, en suivant le même ordre qu’avant,
et nous allons découvrir que ces visiteurs de Sirius ne relèvent que de l’imagerie fantastique la plus
totale.
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L’idée selon laquelle la Terre a été visitée par de doctes extraterrestres qui ont civilisé l’humanité,
n’est ni très originale, ni du ressort exclusif de R. Temple. Il y a presque 20 ans déjà, l’écrivain Erich von Däniken parlait
aussi de visiteurs d’autres planètes qui eurent une grande influence dans l’histoire de la Terre. Däniken croyait
également que les extraterrestres avaient créé l’homme par manipulation génétique, au moyen de singes plus
ou moins avancés dans leur évolution. Il s’appuyait pour cela sur la tradition biblique, considérant que le Dieu
de la genèse était un sage extraterrestre, lequel fit l’homme en souflant dans une silhouette de glaise.
Un autre défenseur d’une origine "non terrestre" de l’homme est l’écrivain David Agamon, qui publie en 1978 un livre
sur les voyages de l’explorateur Karyl Robin Evens dans l’Himalaya. Cet ouvrage décrit son séjour, en 1947,
chez le peuple des Dyzopas, considéré comme les descendants d’extraterrestres qui auraient colonisé le Tibet.
Agamon et Däniken se refusent d’accepter la théorie "classique" de l’évolution humaine, telle qu’elle fut exposée
par Darwin au XIXe siècle. Il faudrait comprendre pourquoi tous ces auteurs sont si obsédés par une
origine extraterrestre de notre espèce et de ses civilisations. Quand Darwin publie "De l’origine des espèces"
en 1859, il rejeta tous les mythes d’une origine surnaturelle de l’homme. Les réactionnaires religieux, qui sont
contre l’idée d’évolution, continuent à croire que le monde a été créé en 6 jours, comme l’enseigne la Bible.
Mais il y a des personnes plus cultivées qui rejettent l’origine animale de l’homme, sans pour autant accepter la
mythologie biblique. On peut alors comprendre que les thèses de Däniken puissent être acceptées en tant
qu’alternative "moderne" à l’évolution. Il est sûr que Däniken a profité d’un grand impact dans les années soixante-dix,
après que l’homme eut marché sur la Lune, et avec l’apogée de la "science-fiction". Il faut se souvenir de romans
comme "2001, Odyssée de l’espace" d’Arthur Clarke, mis à l’écran par Stanley Kubrick, où l’on montrait aussi
que l’homme trouvait son origine dans les expérimentations génétiques d’extraterrestres. Maintenant, il faut
voir pourquoi Temple et Däniken affirment que les humains doivent leur civilisation à des visiteurs venus d’autres planètes.
En ce qui concerne l’Egypte et Sumer, la genèse de ces cultures a été très bien étudiée par des auteurs comme
Alimen, Botero et Vercoutier. Il est alors absurde de penser que les civilisations anciennes ont apparu brusquement,
comme nées du contact entre des hommes primitifs et des extraterrestres. Temple, Däniken et autres, veulent
dire que l’humanité ne peut pas progresser par elle-même : ils nient alors le progrès dans la nature et
dans l’histoire, ils nient que l’homme puisse s’améliorer à partir de son propre potentiel. C’est une version moderne
de ce qu’affirment les réactionnaires religieux en disant que l’homme ne peut pas se sauver lui-même, sans l’aide
d’un dieu ou d’un messie. Mais la science a toujours su montrer que l’homme pouvait progresser par ses propres
moyens, sans le secours de dieux, démons, esprits, ou de "martiens".
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Il est bien sûr absurde de nier le fait que les Dogons ont des connaissances astronomiques,
si l’on se réfère aux travaux des Griaule, père et fille. Les Dogons avaient la connaissance des mouvements en orbite
de Sirius A et B, avant les découvertes de l’astronomie moderne. Il faut pouvoir expliquer comment les Dogons ont pu
posséder cette science des astres, sans pour autant tomber dans des allusions fantasques à des visiteurs
extraterrestres.
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Les Dogons ne connaissaient évidemment pas le télescope, mais cet instrument n’était pas
connu non plus des peuples d’Egypte, de Babylone, de Chine, de Grèce, ou de tout
autre peuple qui possédait pourtant une grande science astronomique. Si les Dogons pensaient que c’étaient des
dieux qui leur avaient donné les clés du savoir, ils partageaient cette conviction avec bien des peuples de l’Antiquité.
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C’est d’Egypte que durent provenir les connaissances des Dogons en astronomie,
car nous avons déjà vu l’importance de l’étoile Sirius dans cette culture. Chaque fois que revenait la montée annuelle
du niveau du Nil ( Hapi ), l’on voyait Sirius ( Sothis ) poindre
à l’horizon : l’étoile était, pensait-on, la cause de la montée des eaux du Nil. Les Egyptiens ne savaient pas
que la véritable cause était la fonte des neiges du Ruwenzori, où se situent les sources du Nil. Il est curieux que
Cicéron en parle dans son "De Republica", désignant le mont "Catadupa" ; mais nous ignorons l’origine
de ce nom. Pour en revenir aux croyances des Egyptiens sur Sirius, on pourrait penser qu’elles n’ont
pas pu avoir d’incidence sur celles des Dogons, compte tenu de la distance spatiale et temporelle entre les deux peuples.
Mais on peut rétorquer que la distance n’a pas joué de rôle, et que l’influence de l’Egypte s’étendait à tous les peuples
d’Afrique de l’Ouest. Selon Ferrari Iniesta, dans son livre : "L’ancienne Egypte, nation noire",
les Wolofs de l’actuel Sénégal pratiquent une langue très différente de l’égyptien ancien, renfermant néanmoins
beaucoup de mots communs. On peut aussi penser, chez les Dogons, à une influence de l’empire du Mali,
dont la capitale était Tombouctou sur le fleuve Niger. Les Dogons faisaient partie de cet empire, mais il est plausible
que leurs connaissances astronomiques sur Sirius fussent antérieures à sa création, au XIIIe siècle.
Etant donné que le Mali était un empire musulman, si les Dogons avaient subi son influence culturelle, ils seraient
devenus musulmans et n’auraient pas abandonné leurs croyances polythéistes.
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En ce qui concerne les relations entre Egypte et Sumer, il faut ajouter que c’est toujours un
objet de polémiques, et que la question est loin d’être élucidée. On doit en tout cas rejeter l’idée absurde de Temple,
pour lequel les 50 noms de Marduk correspondent aux 50 ans de l’orbite de Sirius B autour de Sirius A. Personne
n’a jamais pu prouver une influence de la Mésopotamie sur les cultures africaines. Là aussi, c’est faire la part belle
au sensationnalisme. Un autre exemple en est la théorie de Koldewey, pour lequel le monstre appelé "mushrushu",
sur la ports d’Ishtar à Babylone, serait un dinosaure ramené d’Afrique. Willy Ley en parle aussi dans son livre :
"Le dipneuste, le dodo et la licorne". Mais jamais l’on n’a pu prouver une survivance des Dinosaures
après l’ère Secondaire : le "mushrushu" reste un animal purement mythique.
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Il serait également absurde de comparer les 50 rameurs du bateau des Argonautes
aux 50 ans de l’orbite de Sirius B autour de l’étoile principale. Nous n’acceptons d’ailleurs pas la théorie de
Ferran Iniesta, pour lequel le peuple de Colchide était d’origine africaine, descendant de colons égyptien installés
par Toutmosis III, au cours du XVe siècle avant notre ère. A cette époque, le pouvoir de l’Egypte
parvenait jusqu’à l’Euphrate, au nord, mais pas jusqu’en mer noire où se situait le pays de Colchide.
Nous pourrions commenter aussi les théories qui établissent une relation entre l’Afrique et le mythe de l’Atlantide,
évoqué par Platon dans son dialogue "Critias", mais ce serait matière à un autre article.
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Traitons maintenant le problème des relations entre les Dogons, les Garamantes de Libya et les
Pelasges de Grèce. Il est sûr que les peuples du Sahara ancien : Libyens, Numides, Berbères, Garamantes et autres,
ont pu avoir eu une influence sur les peuples de l’Afrique occidentale. L’empire du Ghana, par example, précurseur
de l’empire du Mali, subit beaucoup l’influence de ces peuples, au VIIIe et au IXe siècle.
Mais il est malaisé de croire que ces populations aient migré vers le sud, franchissant le Niger pour donner naissance
à la civilisation Dogon. La fille de Marcel Griaule a montré que la langue dogon était très différente de celles parlées
dans le Sahara. On pourrait admettre une présence berbère au Niger, si l’on se réfère à Hérodote qui relate le
voyage de 5 jeunes Berbères dans le sud. Ils franchirent le désert et arrivèrent au bord d’un grand fleuve rempli de
crocodiles, qui coulait dans le sens ouest-est. Mais il est plus raisonnable de penser que ces jeunes gens parvinrent
au fleuve Bahr-el-Ghazal, lequel est un affluent du Nil sur son côté gauche, puisqu’ils étaient partis de
Cirène ( Libye ). Le Bahr-el-Ghazal était plus proche que le Niger, et sans traverser tout le
Sahara, il suffisait de contourner le désert par sa partie orientate. En ce qui concerne les Pélasges,
anciens habitants préhelléniques de la Grèce, il n’y a aucune preuve qu’ils aient pu franchir la Méditerranée pour
venir s’établir en Afrique du Nord. On pourrait discuter du problème des relations entre les peuples de la mer
Egée, et ceux du Sahara ou de l’Afrique, en général. Jean Laude, dans son tiers : "Les arts de l’Afrique Noire",
écrit que le peuple Ibibide de l’actuel Nigeria, réalise des sculptures représentant des déesses avec des serpents,
exactement comme dans la Crète antique. Mais il s’agit de coïncidence, car les serpents sont adorés dans beaucoup
de cultures anciennes, à Babylone, au Cambodge ou au Mexique. Il est impossible d’accepter l’idée d’un contact
entre les Crétois et les Ibibides, à cause de la trop grande distance spatiale et temporelle.
-
Venons-en maintenant aux thèses de Temple sur le rapport entre le Nommo des Dogons
et l’Oannès des Sumériens. Ce dernier était un dieu marin, mi-homme mi-Poisson, qui fonda la villa de Shurupak.
Il y eut après lui plusieurs rois dans cette ville, le dernier étant Utnapishtim, unique survivant du Déluge,
d’après les épopées de Gilgamesh et Atrabhasis. Ces mythes ont peut-être une base plus ou moins historique,
puisque Woolley découvrit des villes mésopotamiennes détruites par une inondation. Mais il paraît absurde
d’identifier Oannès à Nommo, car ce dieu dogon ne fonda aucune ville et ne fut pas non plus l’ancêtre d’une
dynastie, détruite par un déluge. Oannès et Nommo se ressemblent seulement par leur aspect de "sirène",
mais c’est un lieu common pour diverses divinités à travers le monde entier : par example, Kappa au Japon,
Triton en Grèce, Atargatis en Syria, Mélusine chez les Gaulois, Rusalka chez les Slaves, la Lorelei chez les Germains,
et Harakoi Dikko chez les Bambaras de l’actuel Mali. Il y a aussi de très nombreux mythes sur des villes fabuleuses
au fond des lacs ou des mers. On peut citer : le conte "Abdallah de la terre et Abdallah de la mer",
tiré des Milles et une Nuits ; la cité de Kitesh, chez les Slaves ; la ville du dieu Tuchulca,
chez les Etrusques ; et, dans la littérature moderne, la cité de Rliyeh, au fond de l’océan Pacifique,
qui apparaît dans les "Mythes de Cthulhu" de Lovecraft.
En conclusion, nous répéterons ici que les fantaisies de Temple, Agamon, Däniken et autres auteurs,
à propos de l’action d’extraterrestres sur l’histoire humaine, font partie d’un mouvement général contre la Raison.
Après la chute catastrophique du "socialisme réel", la croisade contre le socialisme est devenue aussi une
croisade contre le rationalisme, la science, le progrès, l’histoire : c’est-à-dire contre l’humanité.
C’est l’apothéose des "ufologues", des créationnistes, des sorciers, des spiritistes, des astrologues,
des fascistes, bref de tous ceux qui veulent arrêter le progrès humain. Ces illuminés clament
que l’homme ne peut pas se sauver par ses propres moyens : il doit l’être par des dieux,
des démons ou des extraterrestres. Le véritable objectif est de paralyser la lutte que mène l’homme pour se construire un
monde meilleur, en détruisant sa confiance dans l’histoire et dans la science. Pendant qu’on attend l’arrivée de dieux
extraterrestres qui ne viendront jamais, on néglige de lutter contre ces forces qui empêchent les hommes de progresser.
Capitalisme, impérialisme et racisme sont tranquilles, tant que l’attente d’extraterrestres sauveurs paralyse le mouvement
des peuples opprimés ! Face à cela, la seule réponse est de démasquer tous ceux qui parlent au nom de
visiteurs d’outre-espace, qu’ils viennent de Sirius ou d’autres mondes. Aucun messie cloué sur une croix,
aucun prophète envoyé par des dieux, aucun extraterrestre expérimentant et manipulant nos gènes,
ni aucun "être amphibian" de Sirius, ne sauvera jamais l’espèce humaine. L’homme ne pourra se sauver que par lui
même, en luttant de ses propres forces, avec l’aide de la Science, afin de construire le socialisme, la paix, le progrès,
et donner ainsi un sens à son existence.
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( Indiana University Press, Indianapolis, 1992 ).
TORRE, Inès : "Le vaudou en Afrique de ]’Ouest ( le cas des sociétés guenmina du Sud-Togo)"
( Ed. Harmattan, Paris, 1991 ).
TURNBULL, Collin : "Los pigmeos, el pueblo de la selva" ( Ed. Javier Vergara, Buenos Aires, 1984 ).
TURNER, Victor : "La selves de los simbolos (aspectos del ritual de los ndembu)"
( Ed. siglo XXI, Madrid,1980 ).
WALLIS-BUDGE : "Jeroglificos egipcios"( Ed. Humanitas, Barcelona, 1988 ).
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> LES DOGONS DU MALI ET LEURS CONTACTS SUPPOSÉS AVEC DES "EXTRATERRESTRES"
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29 avril 2009, par AllAS
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?? Ha !!! Bonjours !! J’écris à l’actuel moi-même un ouvrage sur les ’fonctionnements’ de ce monde, etc.. Et je suis stupéfait ! de voir à quel point la ’conclusion’ au dernier paragraphe à partir de la moitié.. Est ’jumelle’ de ma propre conclusion.. ça fait plaisir de se retrouver de temps en temps.. ?? http://fr.360.yahoo.com/Allashotdog
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> LES DOGONS DU MALI ET LEURS CONTACTS SUPPOSÉS AVEC DES "EXTRATERRESTRES"
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21 novembre 2012
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Mon ami Carlos Bonet, zoologiste espagnol et auteur de l’article « Les Dogons du Mali et leurs contacts supposés avec des "Extraterrestres" » est malheureusement décédé, voici deux ans. Sur le sujet des possibles interventions non naturelles dans le développement humain, je dirais tout simplement qu’en l’état actuel de nos connaissances et de nos recherches, rien ne permet véritablement de valider - ni d’infirmer - ce scénario, qui garde tout son potentiel heuristique.
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> LES DOGONS DU MALI ET LEURS CONTACTS SUPPOSÉS AVEC DES "EXTRATERRESTRES"
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6 novembre 2006, par brooks ann-marie
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désolé mais je croit que votre esprit est plutot étroit en niant toute possibilite d une intervention extraterrestre.De cela je croit a la bipedie initiale ,mais ,il est tres claire que si vous prennier tout les religions combiné de tout la terre meme des maya vous y verier une fort ressemblance entre elles et parce fait meme vous y verrier une intervention non naturelle au developpement de l humain a travers son histoire.Le changement de l etat animal si on peut ansi dire a un etre intelligent avec une conscient de son environnement ’des regles des conaissance astronomique et thecnologique et autre fut trop récente et brutale pour que ce soit naturelle,un coup de pouce fut necessaire attention je ne dit pas qu on a ete totalemnt creer mais un coup de pouceet quand on lit la bible par exempleple il est tres evidant surtout quand tu traduit les mot en hebreux tel que tel cela fait une bombe.Il faut ce mettre aussi dans le contexte du temps ou les gens decrivait les chose apartir de leur environnement qu il connassait mais aujourdhui reporter le avec la thecnologie d aujourd hui et vous verrai ce que cela fait.Je vous garantit que vos yeux vont s ecarquiller quelque peu.
Esperant une reponce de votre part
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> LES DOGONS DU MALI ET LEURS CONTACTS SUPPOSÉS AVEC DES "EXTRATERRESTRES"
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14 novembre 2006, par François de Sarre
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Bonjour Monsieur,
Mon ami Carlos Bonet, zoologiste espagnol et auteur de l’article « Les Dogons du Mali et leurs contacts supposés avec des "Extraterrestres" » est malheureusement décédé, voici deux ans. Sur le sujet des possibles interventions non naturelles dans le développement humain, je dirais tout simplement qu’en l’état actuel de nos connaissances et de nos recherches, rien ne permet véritablement de valider - ni d’infirmer - ce scénario, qui garde tout son potentiel heuristique.
Cordialement, François de Sarre
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Il y a 1 contribution(s) au forum.
> LES DOGONS DU MALI ET LEURS CONTACTS SUPPOSÉS AVEC DES "EXTRATERRESTRES"
(1/2) 29 avril 2009, par AllAS
> LES DOGONS DU MALI ET LEURS CONTACTS SUPPOSÉS AVEC DES "EXTRATERRESTRES"
(2/2) 6 novembre 2006, par brooks ann-marie
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