VERSION
FRANCAISE RESUMEE
Même si de nos jours la
théorie simienne est encore en vogue, de nombreux
arguments vont en faveur d’un bipédisme initial,
au sein même du groupe qui verra émerger les
Primates. Déjà, au tout début de leur
croissance, les embryons de mammifères montrent une
flexion de la partie antérieure de la corde dorsale,
sous le crâne ( fig. 1 ), qui correspond au
développement du futur bipède. Chez les
animaux concernés, l’option quadrupède
n’apparaît que lorsque l’embryon grandit, et
que les caractéristiques de sa lignée
s’affirment.
Chez l’homme,
l’angulation embryonnaire persiste. C’est parce
que nous avons conservé le gros cerveau globulaire
originel qui "pèse" sur la partie
fléchie de la tige dorsale que nous marchons debout,
et non point l’inverse !
Comme l’ont souligné
Max Westenhöfer ( 1926 ), puis Bernard Heuvelmans ( 1954 ),
l’homme doit essentiellement sa
spécificité à l’allure verticale
de son corps. Dans cette position seule, la colonne
vertébrale, pareille à la tige d’une
fleur, soutient à son sommet la boîte
crânienne et son précieux contenu : le cerveau,
qui a préservé sa forme ronde
originelle.
Le milieu aquatique est tout
indiqué comme l’endroit où une telle
configuration a pu apparaître. La forme
sphérique est celle qu’affecte naturellement un
organe qui tend à s’épanouir au maximum,
dans un minimum de place. Une sphéricité
originelle du cerveau des Mammifères - et par voie de
conséquence de la boîte osseuse qui le
protège - peut donc être admise pour des raisons
purement mécaniques.
Se référant
maintenant aux travaux du professeur Wolfgang Gutmann ( Ecole
de Francfort ), l’auteur du présent article
considère qu’un ver marin acéphale ( fig. 2 )
pourrait être l’ancêtre commun de tous
les Vertébrés. Cet animal présentait
une tige dorsale flexible, qui allait devenir plus tard
notre colonne vertébrale. Quant au cerveau, il
était à l’origine une poche ectodermale
remplie de gaz, servant à la sustentation, comme chez
les méduses actuelles.
On explique ainsi la
sphéricité originelle de la tête des
premiers vertébrés ( fig. 3 ), après
ossification de l’enveloppe crânienne : le
contenant prend ainsi la forme du contenu.
Au sortir de l’océan,
l’archétype ancestral des
Vertébrés avait l’allure verticale bien
ancrée dans sa structure anatomique.
L’être terrestre qui allait en résulter ne
pouvait que marcher debout !
Les précurseurs des
Cétacés actuels, quant à eux, avaient
choisi de rester vivre en pleine mer ; baleines et dauphins
n’ont donc jamais quitté la mer...
Les Vertébrés
bipèdes non-humains, ainsi que les
quadrupèdes, sont issus de l’archétype
par une série de transformations évolutives
( déshominisation ) menant à travers toute la
gamme des plans anatomiques. Ce sont aujourd’hui les
divers Mammifères ( à l’exception du genre
Homo et des Cétacés ), les Oiseaux, les
Reptiles, les Amphibiens et les groupes de Poissons
retournés à la vie aquatique.
Contrairement aux
"certitudes" des naturalistes depuis Darwin et
Haeckel, la bipédie se trouve bien être
à l’origine des autres formes de locomotion,
chez les Vertébrés. Les données
paléontologiques viennent confirmer ce point de vue
en soumettant à la sagacité des chercheurs des
formes, telles que Oreopithecus, Ardipithecus ou
Australopithecus, qui ont apparemment bien du mal à
abandonner la locomotion bipède ( ancrée dans
leur squelette ! ), afin de passer à un stade
quadrupède mieux adapté, sans doute, à
leurs desiderata biologiques. La paléontologiste
française Yvette Deloison écrit en substance,
après étude des membres et
extrémités d’australopithèques :
"Il apparaît évident que
l’ancêtre commun des Australopithèques,
des Grands Singes et de l’Homme, était un
Primate aux extrémités des membres
indifférenciés. De plus, cet ancêtre
devait être bipède ce que prouve, entre autres
caractères, la structure primitive de la main
humaine".
Les rapports de témoins
oculaires sur la présence, à notre
époque, d’hommes et autres
hominoïdés sauvages, montrent la même
contradiction ( apparente ) que les fossiles : on y voit des
créatures bipèdes n’arrivant pas vraiment
à se mettre à quatre pattes... ce qui pourtant
les arrangerait bien, pour fuir notamment.
C’est une pièce
importante à verser au dossier de la bipédie,
qui sous sa forme dite la plus élaborée ( buste
et tête en aplomb sur les jambes ) est l’apanage
de l’Homo sapiens, bipède depuis
toujours !
Mais on s’attend d’un
mode de locomotion aussi ancien qu’il perdure dans la
structure anatomique et dans le comportement des
mammifères post-humains, même si ceux-ci sont
fortement engagés dans la voie d’une
évolution déshominisante.
C’est
précisément ce que l’ensemble des faits
observables tend à démontrer,
renforçant par là-même le modèle
théorique de la bipédie initiale qui, nous
n’en doutons pas, s’imposera bien vite aux
chercheurs à l’aube de ce nouveau
millénaire !